« No Nos Moverán » un film fort de Pierre S. M. Castellanos

Un film magnétique et agréable à voir. Il est porté par l’excellente et brillante actrice Luisa Huertas. C’est aussi un beau premier long métrage de Pierre Saint Martin Castellanos.

NO NOS MOVERÁN raconte l’histoire d’une femme tenace nommée Socorro (Luisa Huertas). Cette avocate déterminée, humaniste, généreuse, aide toujours des gens en passe d’être expropriés. Mais elle a aussi une obsession. Celle de venger la mort de son frère, Coque, et de tuer le militaire qui l’a torturé le 2/10/1968.

Pierre-S.-M.-Castellanos,-réalisateur
Pierre S. M. Castellanos, réalisateur ©No nos moverán

Ça se passe lors du massacre des étudiants de Tlatelolco, à Mexico. Quand le président Gustavo Diaz Ordaz donne l’ordre à l’armée de tirer sur des étudiants rassemblés sur la place des Trois Cultures. Alors que ces manifestants demandent parmi d’autres revendications de la nourriture. Ils scandent : « comida, comida ».

Luisa-Huertas-et-Pedro-Hernández
Luisa Huertas et Pedro Hernández ©No nos moverán

Des épreuves de la vie et ses conséquences

Alors, maintenant, âgé de 67 ans, Socorro, malade et accro à la cigarette, garde toujours sur elle une photo du tortionnaire empoignant son frère Coque.

Enfin pour assouvir aux crises d’étouffement, qui ne cessent, et aux envies de vengeance Soco imagine un plan. Pour l’accomplir elle va demander de l’aide à son jeune voisin qu’elle avait défendu et sorti de prison, Siddartha (José Alberto Patiño). Sauf que ce plan va surtout la mettre en péril…

Entre comédie noire, drame et enquête

José-Alberto-Patiño-(Siddartha)
José Alberto Patiño (Siddartha) ©No nos moverán
Luisa-Huertas-(Socorro)
Luisa Huertas (Socorro) ©No nos moverán

Certes sur des air de drame No nos moverán « revisite plusieurs registres cinématographiques », note Pierre S. M. Castellanos.

Ici il met en scène entre autres la peur et la culpabilité. Or, depuis des décennies, Soco est hantée par la perte de ce frère bien aimé. Ainsi pour retrouver son assassin elle n’hésite plus à utiliser tous les moyens. Désormais cette avocate rusée va obtenir des informations par le propre système judiciaire mexicain, qui elle sait très corrompu.

Mais sa manière de se sentir coupable nuit beaucoup à ses rapports familaux. Du coup ils sont durs avec sa sœur ainée, Esperanza (Rebeca Manríquez) – toujours avec des bigoudis sur la tête et qui ne lui sert que du pain brûlé. Et aussi avec son fils Jorge (Pedro Hernández) qui vit chez elle avec son épouse Lucía (Agustina Quinci). En revanche auprès de sa belle-fille Soco retrouve une certaine complicité.

Or No nos moverán c’est aussi un hommage à « tous ces jeunes qui luttent pour faire triompher la liberté, la justice sociale et la notion de démocratie », comme souligne le cinéaste. 

Un beau noir et blanc

Sans oublier que cette fiction en noir et blanc a une très belle photographie signée par César Gutiérrez Miranda. Mais aussi une bonne bande son de Alejandro Díaz Sánchez et Daniel Rojo.

Rebeca-Manríquez,-actrice
Rebeca Manríquez ©No nos moverán

No nos moverán un premier film bien récompensé

Voilà pourquoi ce premier long métrage de Pierre Saint Martin Castellanos reçoit plusieurs prix au festival Cinélatino de Toulouse. Et au Festival International de Cinéma de Guadalaraja 2024 (Mexique). Ainsi que l’Alebrije fiction 2024 de la Sorbonne Université.

Bref No nos moverán est un beau film d’un réalisateur à découvrir et à suivre.

NOLDS.