« J’ai même rencontré des Tziganes heureux »

« J’ai même rencontré des Tziganes heureux » est une fiction d’Aleksandar Petrović(1), tournée en Voïvodine. Une ancienne province de Yougoslavie, à l’époque de Tito, avant d’être rattachée à la Serbie.

« J’ai même rencontré des Tziganes heureux » a été diffusé au Festival International de Cannes 2017 dans la Sélection Classics. D’autre part il a été primé à ce même festival en 1967, avec le Grand Prix Spécial du Jury ex-aequo(2) et le Prix de la Critique Internationale – FIPRESCI.

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Olivera Vučo et Bekim Fechmiu dans le film « J’ai même rencontré des Tziganes heureux »©Malavida

Lien video : Bande annonce du film

Sortie cinéma le 15 novembre

Ainsi « J’ai même rencontré des Tziganes heureux » revient, dans une version restaurée, sur les écrans français le 15 novembre 2017. Ce film d’Aleksandar Petrović, distribué d’abord par Claude Lelouch en 1967, est resté invisible depuis cette année là.

Enfin à nouveau visible ce film serbe porte un regard généreux sur le monde tzigane. Le réalisateur Petrović met en relief le quotidien de ce peuple de l’Est. Et plus particulièrement celui de la ville de Sombor, située à 152km au nord-est de Belgrade.

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« J’ai même rencontré des Tziganes heureux » Voïvodine©Malavida.

Un film rude et beau

Par conséquent « J’ai même rencontré des Tziganes heureux » est un film rude et beau tout comme la vie des Gitans. Aleksandar Petrović a choisi de montrer la vie de ces personnes de tous les âges assoiffées de liberté. Des personnes qui habitent parfois au milieu de la boue, entourées d’animaux, mais souvent dans un milieu festif. 

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Tziganes du village pieds dans la boue. « J’ai même rencontré des Tziganes heureux »©Malavida.

Car malgré la précarité, tout est pour le plaisir de la fête. Alors ces Tsiganes vivent entourés de joie et d’amitié, dans une ambiance où la mort et l’infirmité sont présents. Tandis que les hommes sont souvent saouls parce qu’ils aiment le « raki de prunes », les femmes s’occupent de la maison et des enfants.

Des visages incroyables

Dans ce film Aleksandar Petrović promène sa caméra pour fixer de beaux portraits et des visages incroyables. En allant des femmes aux visages ridés, dents abîmées, fumeuses de pipe, en passant par de très jeunes enfants fumeurs de mégots, ou des gens à visage pieux, et des tas de plumes d’oies.

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Petit garçon dans « J’ai même rencontré des Tziganes heureux »©Malavida

Des artistes connus et des anonymes

Dans son casting « J’ai même rencontré des Tziganes heureux » compte, parmi ses interprètes, des grands noms du cinéma. Tels la belle actrice Olivera Vučo(3) et le merveilleux acteur albanais, Beckim Fehmiu, au physique remarquable à la Jean Paul Belmondo jeune. Ou Velimir Bata Živojinović, Mija Aleksić, Gordana Jovanović. Ou encore un prêtre orthodoxe, au visage semblable à celui de Robert De Niro, un peu porté sur la bouteille et qui commercialize des plumes. Mais aussi des anonymes qui jouent leur propre rôle dans cette communauté de culture tzigane.

Mariage de Bora et Tissa "J'ai même rencontré des Tz.iganes heureux"©Malavida
Mariage de Bora et Tissa. « J’ai même rencontré des Tziganes heureux »©Malavida

 

Synopsis

Ainsi « J’ai même rencontré des Tziganes heureux » raconte l’histoire d’un plumassier beau, brun aux yeux bleus, appelé Bora (Beckim Fehmiu). Ce personnage est marié à une femme, beaucoup plus âgée que lui et le couple a 5 enfants, mais Bora est souvent absent, d’où les disputes.

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Bora paumé viré par sa femme. « J’ai même rencontré des Tziganes heureux »©Malavida

En effet Bora est charmant, gentil, généreux. Ainsi il essaie d’arranger tout pour tout le monde. Néanmoins il peut être cruel, même avec lui-même. Surnommé le Blanc de Voïvodine, il est un homme, d’habitude élégant, qui s’habille souvent en costume blanc. Toutefois ce grand flambeur peut tout perdre, et devenir clochard.

Bora, Tissa, Lence et Mirta

Bref Bora tombe amoureux de Tissa (Gordana Jovanovic) qu’il prend en stop sur une route pluvieuse. Mais Tissa est jeune et insouciante. Or, après un baiser, elle lui demande 500 dinars pour s’acheter un foulard neuf puisque le sien « est mouillé par la pluie ».

Par ailleurs, cette jeune sauvageonne souhaite devenir chanteuse. Comme la belle Lence (Olivera Vučo) qui chante, dans un bar, le tube « Djelem, Djelem »(4). Et d’autres belles chansons des Tziganes de Voïvodine peu connues, qu’elle interprète accompagnée par le son des violons et d’un l’accordéon. Quant à Lence elle est amoureuse de Bora, l’élégant rêveur.

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Mitra dans les plumes. « J’ai même rencontré des Tziganes heureux »©Malavida
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Tissa part du village pour fuir son beau-père. « J’ai même rencontré des Tziganes heureux »©Malavida

En outre le beau-père de Tissa, Mirta (Velimir Bata Živojinović), a un faible pour sa belle fille. En somme cet homme brutal et agressif va essayer de la violer. Sans compter que Bora est aussi son principal rival dans le commerce des plumes.

Un film tragique et joyeux

Ainsi riche de tous ces éléments Aleksandar Petrović, précurseur du cinéaste serbe Emir Kusturica, met en scène un film à la fois beau et tragique dont la musique joyeuse reste imbibée d’une certaine mélancolie.

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Le réalisateur de « J’ai même rencontré des Tziganes heureux », Aleksandar Petrović©Malavida

Neide Olívia De Souza.

Notes :

(1)  Aleksandar Petrović, décédé à Paris en 1994, a été l’un des premiers intellectuels à s’opposer à l’ancien président de la République de Serbie, Slobodan Milošević mort en prison en 2006.

(2)  Ex-aequo avec « Accident » de l’anglais Joseph Losey. La Palme d’Or de ce 20ème Festival International du Cinéma a couronné l’italien Michelangelo Antonioni pour son film « Blow Up ».

(3)  Olivera Vučo, actrice, écrivaine et chanteuse, connue aujourd’hui sous le nom d’Olivera Katarina.

(4)  Suite à « J’ai même rencontré des Tziganes heureux  », la chanson Djelem Djelem a eu un énorme succès, et est devenue l’hymne des Roms :
J’ai erré par des chemins sans fin.
J’ai J’ai même rencontré des Tziganes heureux.
Oh les Tziganes, oh, les hommes…

(5)  En langue tzigane le mot Rom signifie aussi homme. Et tout non Tzigane est appelé Gadjo, étranger (Gadji, étrangère).

Kraj : Fin