Festival du cinéma brésilien de Paris
Ce mardi 11 avril 2023 c’est le jour de clôture du Festival de cinéma brésilien de Paris.
Au cinéma L’Arlequin, pour la sélection des films de cette 25ème édition du Festival brésilien de Paris, la directrice Katia Adler a reçu la participation du scénariste carioca(*) de São Paulo Nelson Motta.
Car Nelson Motta est aussi l’une des personnalités du mouvement Bossa Nova. Au-delà d’être l’une des références en musique brésilienne, Nelsinho est un fameux producteur, auteur, compositeur, dramaturge.
Or ce journaliste est là aussi pour Tout est permis avec Tim Maia. Documentaire qu’il co-réalise avec Renato Terra. Ici l’on entend Tim Maia raconter son histoire. Illustrée par des images inédites, concerts et interviews de ce monstre sacré de la musique brésilienne.
Par ailleurs Nelson Motta fait partie des intellectuels qui ont préféré quitter la ville merveilleuse de Rio pour Lisbonne, pour échapper à la censure culturelle lors du retour de la dictature au Brésil (2016 – 2022).
D’autres documentaires au Festival en 2023
Ainsi en ouverture du Festival du cinéma brésilien de Paris le public ovationne l’attachant documentaire Elis et Tom, évidemment toi, de Roberto De Oliveira et Jom Tob Azulay. Où des archives uniques dévoilent la création de l’album du même titre, et la belle complicité entre ces deux summums de la musique : Elis Regina et Tom Jobim.
Miúcha, La voix de la Bossa Nova
Miúcha est un film brillant et percutant des sympathiques Daniel Zarvos et Liliane Mutti.
Où les deux cinéastes rendent un très bel hommage à la muse de la Bossa Nova. Un petit bout de choux plein de bons talents artistiques.
Car Miúcha est compositrice, auteure, chanteuse, peintre. Pour information, Heloísa Maria Buarque de Hollanda (1937 – 2018) surnommée Miúcha est la sœur ainée de Chico Buarque de Hollanda, à qui elle a appris quelques accords de guitare. Elle est l’ex-épouse de João Gilberto. Or celui-ci, en tant que mari tout puissant, lui « piquait certaines musiques prévues dans ses disques à elle ». Ils sont aussi les parents de Bebel Gilberto.
Mais Miúcha était par dessus tout une femme brésilienne libre. En fait, malgré s’être dévouée à sa famille, elle a su se libérer de la charge mentale d’un mariage assez lourd, pour laisser libre cours à sa voix qui enchante toujours le public. Comme celle-ci passionne les grands maîtres de la Bossa Nova. Tels Tom Jobim et Vinícius de Moraes.
Aussi, dans la programmation de ce Festival, La Démocratie en noir et blanc, de Pedro Asbeg. Où ce réalisateur explique comment le sport, la politique et la musique se sont entremêlés pour modeler l’histoire du Pays du samba, carnaval et football. Mais ce documentaire met en scène aussi l’histoire du Corinthians, un club de football rebelle de São Paulo, dans les années 80. Alors que le Brésil était une fois encore sous l’emprise de la dictature.
Gol de Letra
Par ailleurs, lors de la projection du documentaire La Démocratie en noir et blanc, le charismatique Raí marque la séance avec sa belle présence. De plus ce brillant ex-joueur de football du São Paulo et du PSG fait partie des génies de La Seleção avec son frère ainé, médecin et footballeur, Sócrates (1954-2011) l’idole du Corinthians. Et, à l’Arlequin, Raí annonce que, cette année, il fête les 25 ans de sa fondation Gol de Letra.
L’Amazonie, la nouvelle Minamata ?
Voici un documentaire poignant et important de Jorge Bodanzky. Où il place en avant l’empoisonnement au mercure dû à l’exploitation aurifère sur le territoire du peuple Munduruku.
Car Bodansky lance l’alerte sur la maladie de Minamata. Une maladie industrielle causée par le déversement et pollution de mercure dans la baie de Minamata. De 1932 à 1966, ce métal lourd a été jeté dans l’eau de cette baie du Japon, par l’usine pétrochimique Shin Nippon Chisso.
Résultat : ce mercure ingéré par les poissons s’est retrouvé dans l’assiette des habitants. Et Chisso a intoxiqué gravement au mercure ces milliers de personnes. Depuis elles sont handicapées physiquement et neurologiquement à vie.
Tout comme en Amazonie. Où le mercure de l’extraction de l’or fait des ravages irréparables et menace tous les fleuves, la terre et la population.
Quelques fictions
Mais le spectateur a pu voir également l’émouvant Décret présidentiel. Cette fiction se passe à Rio lors d’une dictature très récente. Un avocat, Antônio (Alfred Enoch), attaque l’État brésilien en justice afin d’indemniser les descendants d’esclaves du Brésil. Alors ce gouvernement autoritaire oblige toute cette population noire, qu’il appelle désormais de « mélanine accentuée », à partir en Afrique.
Décret présidentiel est la première réalisation de l’acteur Lázaro Ramos. C’est un film surréaliste, fort, sensible, bien rythmé, avec une bonne musique, de très belles images et un bon casting. Parmi d’autres acteurs : Taís Araújo (Capitú) et Seu Jorge (André).
Règle 34
Un film bien réussi de Júlia Murat. Ici la réalisatrice évoque le concept qui stipule que tout ce qui est sur le web a sa version pornographique.
Mais Règle 34 de Murat dénonce surtout la violence contre les femmes, au-delà de la difficulté des jeunes universitaires à financer leurs études.
Et voilà que Simone, rôle joué par la formidable et sexy Sol Miranda, fait des études de droit le jour. Mais tel « un espion » elle a deux vies animées par ses secrets et ses contradictions. Car la nuit elle travaille en tant que camgirl masochiste, en s’exhibant face à son ordinateur contre quelques jetons.
Mais dans ce festival il y a aussi de la musique live. Car à L’Arlequin, de Sophie Dulac, le Club du Choro de Paris de Maria Inês Guimarães s’est présenté le 4 avril.
Au Festival de cinéma brésilien de Paris
Bref ce mardi, entre autres, il y aura Errance, rencontres et souvenirs de Beth Carvalho de Pedro Bronz.
Il s’agit d’un recueil d’archives personnelles de cette immense artiste. D’ailleurs Beth Carvalho dit qu’elle a fait de sa maison « un musée », où tout est classé et catalogué.
Certes certains de ses enregistrements ne sont pas toujours de très bonne qualité lorsqu’il s’agit, par exemple, d’un support sur VHS. Mais l’impact des 53 ans de carrière de cette femme de personnalité imposante, considérée comme « La » marraine du Samba, est vraiment fort. Or, dans ce film documentaire, le public rencontrera aussi quelques compositeurs les plus célèbres de l’histoire de la musique brésilienne.
Enfin, la soirée se clôturera par un autre hommage à cette merveilleuse chanteuse. Car les musiciens Seu Elias & Ale Gorr jouerons ses principaux tubes.
Ne manquez pas !
NOLDS.
Note :
(*)Carioca : personne né à Rio de Janeiro ou qui habite cette ville du Brésil.