« Le Fil » un bon thriller de Daniel Auteuil
Daniel Auteuil se place pour la cinquième fois derrière la caméra. Où il met le suspens brillamment en scène.
LE FIL est un thriller dont le scénario tient le spectateur en haleine jusqu’au bout. Il est coécrit par Daniel Auteuil et Steven Mitz. Il s’agit d’une adaptation d’une histoire vraie. En fait Daniel la lit sur le blog de Maître Mô, pseudonyme de l’avocat Jean-Yves Moyart (1967 – 2021).
Or c’est sa fille, Nelly Auteuil, productrice de ce film, qui l’incite à regarder le blog de ce pénaliste. Alors, parmi ses histoires, Daniel ressent profondément la solitude de l’avocat dans l’exercice de son métier. Résultat : avec beaucoup de sensibilité Daniel Auteuil traduit ce sentiment dans son film Le Fil.
Le Fil – l’histoire
Or, depuis quinze ans, Maître Jean Monier (Daniel Auteuil) ne plaide plus des dossiers criminels. Suite à l’affaire d’un récidiviste qu’il réussit à innocenter. Cela dure jusqu’au jour où il rencontre Nicolas Milik (Grégory Gadebois) en garde à vue. Un père de famille accusé du meurtre de sa femme.
Ainsi dans cette fiction l’avocat pénaliste est convaincu de l’innocence de son client. Du coup Maître Monier va utiliser tous les moyens pour éviter la prison au présumé coupable Milik. Car l’histoire de cet homme lui prend à cœur.
Du coup Maître Monier désire revenir aux assises. Car l’avocat se sent « prêt à tout pour sauver » son client. Bien que son ex-épouse, qui lui a passé cette affaire, Maître Annie Debret (Sidse Babett Knudsen) lui rappelle que l’on lui « demande juste de le défendre » et rien de plus.
Le Fil – un film bien ficelé
Ici il s’agit d’un récit à la dimension humaine, avec ce côté ange et démon qui sommeille dans chaque être. Où la vie au sein d’un foyer est mise en relief sous-jacent avec ses vérités cachées et silences. Notamment lors de violences familiales et le rôle de chacun.
Il y a aussi des moments plein de subtilité. Tel celui dont note un spectateur dans l’une des expressions de Milik. Car il lui fait penser au regard de Hannibal Lecter joué par Anthony Hopkins dans le « Silence des Agneaux ».
À mettre en relief également cette scène au tribunal où Maître Monier rend hommage au fabuleux mime Marceau (1923 – 2007).
Daniel Auteuil bon interprète, bon réalisateur
Et voilà que Maître Monier fait un plaidoyer captivant. Où il laisse tout le monde scotché à l’écouter, à l’écran et dans la salle de cinéma !
Mais ce film rend également hommage à la Camargue. Avec de très belles images, tel un tableau, de cette région de Provence entre le Gard et les Bouches-du-Rhône. Sans parler de la musique placée toute en finesse pour ponctuer certaines scènes avec des instruments à cordes.
À noter aussi le très bon son direct avec un son d’ambiance doux avec des chants d’oiseaux. Ou encore le son naturel d’une chaise qui se déplace, des feuilles de papier ou d’un briquet.
Sans oublier la bonne utilisation et la diversité des plans cinématographiques pour bien mettre en évidence les actions voulues. Comme ces flous pour mieux traiter la solitude de l’avocat. Ou quelques dialogues faisant l’écho à certaines affaires judiciaires ou à la déontologie.
Une carrière bien primée
Avant Le Fil, présenté en Séance Spéciale au Festival de Cannes, Daniel Auteuil réalise La Fille du puisatier (2011), Marius (2013), Fanny (2013), Amoureux de ma femme (2018).
En fait, ce fils de chanteurs lyriques d’Avignon, né en Algérie, a plusieurs cordes à son arc. Car Daniel Auteuil est aussi auteur-compositeur-chanteur. Et ses interprétations en tant que comédien lui offrent le César du meilleur acteur en 1987 pour Jean de Florette et Manon des sources. Ainsi que le BAFTA du Meilleur acteur dans un second rôle pour Jean de Florette.
À souligner entre diverses distinctions, le Prix d’interprétation masculine pour son rôle dans le film Huitième jour au Festival de Cannes 1996. Et le Lumière du meilleur acteur pour Sade en 2001.
Daniel Auteuil un réalisateur à l’écoute
En fait pour la lettre de septembre de la CST, Commission supérieure technique de l’image et du son, Regardinfos a interviewé trois techniciens du film Le Fil.
Ainsi Charlotte Betaillole, cheffe costumière, explique que « Daniel est quelqu’un qui s’implique ». Et « au moment où il fait les choses il les fait à fond ». Charlotte Betaillole « travaille, au théâtre et au cinéma, depuis longtemps avec Daniel en tant qu’acteur ou réalisateur ».
Quant à Christian Marti, chef décorateur, il sympathise avec « Daniel depuis les années 80 ». Il raconte : « J’avais travaillé en tant qu’assistant sur Jean de Florette et Manon des sources [de Claude Berri, ndlr]. En 1991 j’étais chef décorateur du film Un cœur en hiver de Claude Sautet. Puis, en 2013, j’ai réalisé les décors pour Marius et Fanny [de Daniel Auteuil, cité plus haut].
Alors que l’ingénieur du son Nicolas Provost est à sa « première collaboration ». Il dit qu’ « elle s’est faite de la manière la plus naturelle possible. On a tout de suite échangé sur des éléments concrets au son, comme le tribunal ou la restitution des voix. Et je crois que l’on s’est compris assez vite. C’est un réalisateur très à l’écoute, est très généreux dans le travail. C’est très plaisant au quotidien. »
Bref voilà un regard sur Le Fil, un film intéressant à voir. Il est en salles à partir de ce 11 septembre 2024.
NOLDS.