Luís Antônio Pimentel, la mémoire d’une ville du Brésil

LAP est un artiste brésilien, Niteróiense de cœur, qui a dédié sa vie à la Culture.

Luís Antônio Pimentel – Portrait

Luís Antônio Pimentel, LAP, ce journaliste brésilien, Fluminense(1), est né à Miracema, à Rio, en 1912. Mais très tôt ce poète part avec sa famille habiter à Niterói, capitale de l’État de Rio de Janeiro. À ce moment là il s’appelle encore Luíz, avec un « z ».

Puis, en 1937, aux Beaux Arts, l’artiste plasticien reçoit une bourse pour étudier au Japon. Où il y reste fasciné par la beauté des Japonaises. Alors la culture nippone convient comme un gant à ce poète. Toutefois le Japon est en guerre, les étrangers sont évacués en 1942, et LAP retourne à son pays d’origine.

Mais ce petit bonhomme talentueux ne s’ennuie pas, parce qu’il a plusieurs cordes à son arc. Car il est aussi musicien. Du coup, il commence à écrire pour des chanteuses célèbres de l’époque, comme Carmen Miranda et Odete Amaral. Néanmoins ce personnage brillant ne s’arrête pas là. Ainsi il devient photographe.

Aussi, comme il est passionné d’histoire, Luís Antônio Pimentel se consacre à la recherche des traditions populaires. Mais, également, à celle des langues indiennes brésiliennes.

Livres remarquables

Résultat, LAP créé une œuvre de valeur inestimable dont quelques écrits sont édités, en 2004, par le professeur Anibal Bragança, en trois volumes.

Volume 1 : L’Encyclopédie de Niterói, condensé d’histoires sur des personnalités et des lieux de la ville. Mais aussi des toponymes Tupis(2) et des plages.

Volume 2 : Œuvres réunies, recueil de proses et de poésies. Avec notamment les Contes du vieux Nippon, 12 jours avec Leviana, Tankaïs et Haïkus.

Volume 3 : Chroniques des moments glorieux de la Radio Mayrink Veiga, réunion d’articles de LAP en tant que rédacteur de la Gazeta de Notícias(3).

Une vie dédiée à l’écriture

Mais Luís Antônio Pimentel est surtout un intellectuel qui aime partager et aussi divulguer son savoir. Ainsi ce passionné du Japon publie en 1940, au Brésil, l’un des premiers livres sur la culture traditionnelle japonaise : « Contes du vieux nippon ». Et, en parallèle, il sort au Japon le premier livre traduit d’un poète de langue portugaise :

« Namida no Kito, prières en larmes ».

Ainsi la vie de Luís Antônio Pimentel est d’un parcours exemplaire. Une vie partagée entre des amis de tous âges et l’écriture. Car son domicile à Icaraí (RJ), à la rue 5 de julho est un refuge d’intellectuels. Or dans sa petite maison verte, il habite avec ses sœurs, neveu et deux nièces qui sont de vrais cordons bleus. Alors des odeurs apétissantes humectent sans cesse les narines, en même temps que l’odeur agréable des livres et des journaux. Mais, surtout, souvent chez LAP l’on pouvait avoir connaissance d’un scoop. Et tout cela faisait de sa petite maison verte un lieu unique.

Luís Antônio Pimentel et les Haïkus 

En fait c’est grâce à une bourse d’études des Beaux Arts que Luís Antônio Pimentel peut séjourner au Japon. Or il est ravi. Car ainsi il est conduit dans le monde des Haïkus par la grande porte.

En fait le Haïku est une forme poétique classique qui plaît à ce Brésilien. Le Haïku est constitué, dans sa forme traditionnelle japonaise, d’un verset de 17 syllabes, ou sons, répartis en trois vers de 5 – 7 – 5 syllabes ou sons.

Par conséquent le Haïku s’avère idéal pour ce journaliste désireux de décrire la beauté fragile des Japonaises, qui le séduit profondément. Alors pour ce natif de Miracema c’est un nouveau style qui se présente à lui.

Et voilà que ce sympathique personnage, très attachant, de la littérature brésilienne récite quelques Haïkus pour l’équipe de Regard’Infos.

Or ce poète pourvu d’une excellente mémoire n’a jamais cessé d’écrire. Pour lui « Une courbe c’est une ligne droite enceinte » et « La parole : la cachette de l’idée ». Ainsi, jusqu’à l’âge de 99 ans, il se déplace seul pour nourrir une rubrique sur les Arts fluminenses pour des hebdomadaires de Rio. Tels que : Le Journal de Icaraí et La Tribune.

Bref, Pimentel est un auteur qui reste un exemple. Un exemple non seulement de longévité. Mais aussi de bon sens, et d’amour pour la vie. Car ses œuvres sont d’une extrême valeur pour la culture brésilienne et locale. Notamment ses livres sur les langues Indiennes, ou les histoires de la vie de la ville de Niterói (Rio de Janeiro).

Poème de Luís Antônio Pimentel

« Une après-midi grise » par Luís Antônio Pimentel, Tóquio, 1937

Frangée, de pluie, l’après-midi grise
Monte mon angoisse, ma torpeur.
Et je sais que pour moi pleure ma belle prise,
Tandis qu’en rimes je chante mon bonheur

Monte mon angoisse, ma torpeur.
Et je sais que pour moi pleure ma belle prise,
Tandis qu’en rimes je chante mon bonheur.

À cause de cette pluie grincheuse,
La rue hausse en pleurs sa clameur :
Personne, aujourd’hui, n’y verra surgir mon amoureuse,
Enveloppée dans son kimono multi fleurs.

Sachant que je suis un galérien de ses charmes,
Les branches des saules pleurent des larmes,
Mais ne comprennent pas ma désolation.

Je souffre de voir mourir cet après-midi gelé,
Pendant que j’attends, seul, sans bouger,
La plus jolie fleur de mon imagination.

Luís Antônio Pimentel est un être qui a su rester jeune. En 2015, cet amoureux de la vie dans toutes ses splendeurs décède à l’âge de 103 ans.

Neide Olívia De Souza – NODS.

Notes :

(1)  Fluminense : de/ou relatif à l’État de Rio dont la capitale était Niteróï, aujourd’hui c’est Rio.
(2)  Tupis : Indiens du Nord et du Centre du Brésil, dont la langue constitue l’un des quatre piliers linguistiques d’Amérique du Sud.
(3)  Gazeta de Notícias : à l’époque, l’un des journaux le plus importants du Brésil, où Pimentel était responsable de la rubrique sur les Radios.