Leon Vitali et Tony Zierra en interview au Festival de Cannes pour « Filmworker»
Regardinfos rencontre Leon Vitali, bras droit de Stanley Kubrick, et le réalisateur de Filmworker, Tony Zierra, au Festival International de Cannes 2017.
Filmworker est un excellent documentaire qui met en lumière le rôle remarquable de l’acteur britannique Leon Vitali dans les films du cinéaste américain Stanley Kubrick (1928 – 1999).
Car leur amitié débute lors du tournage de Barry Lyndon (1975). Où Leon joue le rôle de Lord Bullingdon adolescent, beau-fils et ennemi juré de Barry. Puis Kubrick invite Vitali pour joindre son équipe en tant que son assistant personnel pour Shining (1980). Ainsi c’est Leon qui choisit le petit garçon Danny Lloyd (rôle de Danny Torrance) pour ce film inspiré d’un roman de Stephen King.
Ensuite Leon et Stanley ne se quitteront plus. Leon devient son bras droit, assistant réalisateur, directeur de casting. Et ensemble ils tournent Full Metal Jacket (1987).
Leon Vitali un artiste aux moult compétences
Or Leon informe que « Stanley travaillait toujours avec une petite équipe ». Ainsi sur Eyes wide shut (1999), le dernier film de Kubrick, Leon est devant et derrière la caméra. Devant en tant qu’acteur dans le rôle du maître de cérémonie dans la scène de partouze. Où il porte sur le visage un masque doré, et sur le corps une cape pontifical rouge avec des bottines à très haute plateforme. Puis il court pour bien cadrer la caméra, faire la mise au point et régler les lumières. En fait Leon est un homme dévoué à Stanley. Car il admire Kubrick, et abandonne une carrière prometteuse d’acteur pour le suivre. Et plus tard, suite au décès de Kubrick, Vitali reste le responsable pour tous les aspects techniques de ses films.
Regard’infos : Leon Vitali, quel est votre meilleur souvenir avec Stanley Kubrick ?
Voilà donc quelques exemples parlants qui font que Tony Zierra, réalisateur de Filmworker, atteste que c’est grâce à Leon Vitali que Stanley Kubrick a pu réaliser autant de chef-d’œuvres merveilleux pour le plus grand plaisir des cinéphiles.
Entretien avec Leon Vitali – Filmworker
Regard’infos : Leon Vitali, quel est votre meilleur souvenir avec Stanley Kubrick ?
Leon Vitali : J’ai acquis beaucoup de bonnes expériences en travaillant avec Le meilleur. Car j’avais tellement de différents métiers à faire que je n’avais jamais fait auparavant, comme la direction d’acteurs. Je ne peux même pas tout résumer. Si je pensais « je ne peux pas faire ça ». Kubrick me disait : « Fais-le. C’est sûr que tu peux. Vas-y ! » Et alors je me lançais. Ainsi, en travaillant j’ai acquis beaucoup d’expériences. Cela m’a ouvert les portes à d’autres expériences professionnelles. Magnifique.
R.D.I. : Et le pire de vos souvenirs ?
L. V : Eh bien, j’estime que le pire c’était de travailler, constamment, quatorze à seize heures par jour, sept jours par semaine, sans pause. Mais au final tout se combinait parfaitement. La plupart du temps nous tournions quatorze ou quinze prises de suite. Je ne peux pas dire combien exactement. Mais même le pire avec Kubrick n’était jamais méchant. Et croyez-moi, quand j’étais vraiment fatigué, que je disais « je ne peux pas me lever de la chaise ». Alors il rétorquait « Mais tu vas le faire. Tu dois le faire ! ».
R.D.I. : C’est Kubrick !
Tony Zierra : C’est la réponse : c’est Kubrick ! Sinon il faudrait changer son talent.
R.D.I : Pour vous Léon, qu’est-ce qui est le plus important dans la vie ?
L. V : Je ne pense pas être différent des autres personnes. Je ne sais pas. Je ne sais pas parce que tout ce que l’on est en train de faire à un moment donné, c’est la chose la plus importante. Car l’on apprend cela quand l’on joue sur un plateau. L’on ne peut être que dans ce moment là. Parce que le futur est là, juste à ce moment là. Et l’on doit se focaliser sur ce moment là.
Entretien avec Tony Zierra – réalisateur de Filmworker
R.D.I : Alors Tony. Qu’est-ce qui est le plus important pour vous au cinéma ?
T. Z : Je pense que ça reste un langage universel qui consiste pour ainsi dire à relier les gens ensemble. Mais si on y réfléchit bien c’est sans doute la chose la plus forte qui peut rassembler tellement de personnes ensemble dans des salles, afin de communiquer et de se connecter. Il y a une belle union sans se concerter, où les images et la musique ont beaucoup à dire. Et les gens se retrouvent ensemble pour voir un film. Je pense simplement que c’est beau de réunir les gens, oui.
R.D.I : Pourquoi ce documentaire sur le grand Leon Vitali ?
T. Z : C’est une bonne question. C’est une grande question. Car je veux dire qu’une des choses les plus incroyables pour moi c’était que j’aimais l’histoire de Kubrick. Il représente pour moi le top du sommet du cinéma. Et il y avait aussi des personnalités comme Leon, un artiste qui n’avait pas besoin de faire ça. Vous savez, Leon était un acteur couronné de succès, un grand acteur. Mais il a préféré travailler aussi dans l’équipe technique des films de Kubrick. Car il a mis sa carrière d’acteur de côté pour être derrière la caméra. Cela représente pour moi d’avoir réellement de la dévotion profonde pour les beaux films comme ceux de Stanley.
Leon Vitali – un artiste dévoué
Voilà la raison de mon choix sur Leon. La dévotion de Leon est très importante pour moi, ainsi que son grand amour pour Kubrick, mais aussi son amour pour le cinéma.
Car il est vraiment un homme important du cinéma parce qu’il est dévoué. Et Kubrick le savait. En Leon il savait qu’il pouvait être en toute confiance et s’appuyer. Kubrick se disait : « Oh, j’ai quelqu’un ici. Il a l’œil. Il sait diriger et préparer les acteurs pour les scènes. Avec lui, moi, Kubrick, je peux atteindre un très haut niveau ». Et je pense que ça a été magique ! Très beau ! Ce film c’est un symbole agréable de reconnaissance pour pousser Leon vers la lumière, et de lui dire merci.
Je pense que j’ai fait ce film non seulement pour les spectateurs, mais aussi pour que les personnes qui font ce type de travail soient appréciées. Parce que ce sont ces héros solitaires du cinéma qui donnent de la beauté aux films. J’ai fait un hommage au cinéma en réalisant « Filmworker ».
R.D.I : Merci à tous deux.
L. V. et T. Z : Merci à vous.
Neide Olívia Libault De Souza – NOLDS.