Les Graines du figuier sauvage de Mohammad Rasoulof
Un thriller extraordinaire à ne pas manquer. Ce très bon film d’un grand réalisateur iranien reçoit, parmi d’autres récompenses, le Prix spécial du Festival de Cannes 2024.
LES GRAINES DU FIGUIER SAUVAGE (The seed of the sacred fig) raconte l’histoire d’un fonctionnaire, Iman (Missagh Zareh). Celui-ci est promu juge d’instruction au tribunal révolutionnaire à Téhéran. Un poste qui va lui permettre de vivre plus aisément avec sa famille.
Sauf qu’en Iran, en même temps, débutent les immenses manifestations du mouvement « Femme, vie, liberté ». Avec l’Iran qui s’embrase suite au décès de l’étudiante Mahsa (Zhina) Amini, le 16 septembre 2022, tabassée par la police des mœurs. Parce que la jeune kurde, de 22 ans, avait une mèche de cheveux visible sous le foulard islamique.
Le film LES GRAINES DU FIGUIER SAUVAGE
Il faut dire aussi qu’Iman a deux filles étudiantes, Rezvan (Mahsa Rostami) et Sana (Setareh Maleki). Or, évidemment, ces adolescentes soutiennent les protestations pour la liberté. Du coup Iman craint que le comportement de ses filles puisse nuire à son poste. Et il demande à son épouse Najmeh (Soheila Golestani) de faire entendre raison à leurs filles.
Alors Najmeh va faire de son mieux. Afin de gérer ce conflit familial et préserver ce train de vie désormais plus confortable. Mais, voilà qu’un jour l’arme de service d’Iman disparaît. Ici, pour le réalisateur Mohammad Rosoulof « le pistolet c’est une métaphore du pouvoir au sens large » et du régime iranien actuel. Aussi ça va « permettre de révéler les secrets » de chacun. Bref Iman risque surement d’être rétrogradé. Résultat : tout ça va générer de l’angoisse. Du coup ce tournant, fera naître la suspicion dans cette famille paisible jusque là…
Voilà donc que ce film commence très doucement. Puis le suspense s’installe au four que l’intrigue s’épaissit. Ça donne un thriller dont la tension va crescendo de plus en plus fort alors que le doute sur les personnages s’installe.
Or c’est avec beaucoup de courage, mais aussi de chance, que Mohammad Rasoulof avec son équipe contournent la censure iranienne pour réaliser ce film. Dans un pays violent où des puissants fanatiques essaient de museler toute création artistique et culturelle au détriment du bien être de la population.
Car dans les rues la répression est terrible contre le mouvement « Femme, vie et liberté ». Mohammad Rasoulof raconte que lors qu’il est en prison et que leurs manifestations commencent, l’un des geôliers lui avoue « vouloir se pendre devant l’entrée de la prison parce qu’il a des remords et de la haine pour son travail ». Voilà comment l’idée de ce film germe dans la tête du cinéaste.
Un thriller politique et familial
Les Graines du figuier sauvage est un thriller politique et à la fois un polar familial. Ce film attachant montre des scènes lors des répressions, issues des réseaux sociaux, le téléphone portable comme une arme politique. Mais aussi des paysages magnifiques de la ville ancienne et du désert iranien. Ainsi que la vie quotidienne de cette famille.
En outre cette fiction est portée par d’excellents comédiens et techniciens. Dont certains n’ont pas pu quitter l’Iran. Alors que le réalisateur a dû le fuir à pied à travers la montagne afin d’éviter la prison. Et pouvoir présenter son film au Festival de Cannes. Où sur le tapis rouge il brandit des photos des acteurs Missagh Zareh et Soheila Golestani, espérant ainsi les pouvoir protéger de la tyrannie des mollahs.
Les Graines du figuier sauvage est un film passionnant. Il est en salles depuis le 18 septembre.
NOLDS.