La COP30 dans l’Amazonie brésilienne à Belém

Cette Conférence des Nations Unies sur le Climat, dans la capitale de l’état du Pará, à l’Est de la forêt amazonienne est tout un symbole. C’est du 10 au 21 novembre.

LA COP30 est à Belém, au nord du Brésil. Ici elle doit discuter des mesures prioritaires à prendre contre le changement climatique, et « trouver des solutions ». Le but de cette réunion internationale est de concentrer leurs efforts pour limiter l’augmentation de la température mondiale à 1,5 °C. Telle que prescrite, il y a 33 ans, dans l’Accord de Paris contre la crise climatique.

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André Aranha Corrêa do Lago, présidente COP30 ©RDI 29/10/25

Mais ces ententes ne sont pas évidentes. Par exemple, les États-Unis quittent l’Accord de Paris en 2017 avec Donald Trump pour y revenir en 2021 avec Joe Biden. Et à nouveau « se désengager dès le retour de Trump » comme explique le président de la COP30, le souriant ambassadeur spécialiste des questions climatiques André Aranha Corrêa do Lago en interview à Regardinfos le 29/10/2025 à Paris.

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Palmier Açaí (Euterpe oleracea)

Alors en l’absence de Trump à la COP30, au Brésil, son principal opposant à la présidentielle de 2028 est là. Il s’agit du gouverneur démocrate de Californie Gavin Newsom. Pour lui la décision de Trump, de quitter l’Accord de Paris, montre que ce président climatosceptique « redouble d’imbécillité ». Car « c’est un engagement moral, c’est un impératif économique. Ce sont les deux à la fois » dit Newsom à l’AFP ce mardi 11 novembre à Belém. Où il goûte à la gastronomie locale. Et, sous l’ombre des manguiers, il se délecte avec quelques délicieux jus frais de fruits amazoniens. Parmi eux : l’Açaï et le Cupuaçu.

COP sur le Climat

Or COP est l’acronyme de Conference of Parties, qui fixe les bases d’une coopération internationale. Parties sont les pays signataires de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiquesCCNUCC, adoptée en 1992 au Sommet de la Terre à Rio (Brésil). Ce traité ratifié par 197 pays, en 2018, vise stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre et à faire face à ses effets nuisibles. Car ces Parties sont « conscientes que les changements du climat de la Planète et leurs effets néfastes sont un sujet de préoccupation pour l’humanité tout entière ».

Aussi elles sont « conscientes du rôle et de l’importance des puits et réservoirs de gaz à effet de serre dans les écosystèmes terrestres et marins », note la CCNUCC.

COP30 en 2025

La COP30 c’est 50.000 participants, quelque 170 délégations, pour essayer d’empêcher l’effondrement de la coopération mondiale sur le Climat.

Alors que ni les États-Unis, ni la Chine, ni l’Inde, n’ont daigné envoyer de représentants officiels à ce rendez-vous pour le bien être planétaire.

Certes nous vivons un moment de contexte économique difficile. Mais aussi de résistances sociales et de politiques négationnistes qui n’aident pas l’écologie. Malgré cela deux gros pollueurs, comme la Chine et l’Inde, accélèrent leur transition énergétique. Et la Chine voit même, cette année, ses émissions baisser pour la première fois.

Car depuis une vingtaine d’années la Chine mise sur les véhicules électriques, diminuant ainsi la pollution atmosphérique et la pollution sonore (le bruit). Et, dans le nord-ouest de l’Inde la ville de Ahmedabad, l’un des plus grands centres industriels intérieur, réussit à baisser sa température de 2 à 3°.

Alors qu’en Colombie la ville de Medellín diminue sa température de 2° en trois ans, grâce aux efforts politiques et à une population volontariste. Ensemble ils trouvent le moyen de rafraîchir la ville par des « couloirs verts ». Résultat : la température et la pollution sont réduites en très peu de temps. Voilà donc des efforts récompensés pour un mieux vivre !

Ainsi ces exemples démontrent que des efforts intelligents donnent des effets positifs. Mais, comme il y a urgence, il faudra donc porter des résultats à l’échelle planétaire. Car les émissions destructives continuent d’augmenter.

L’Amazonie n’est plus l’un des poumons de la Terre 

Et l’Amazonie, qui absorbe d’immenses quantités de CO² de l’atmosphère, est essentielle pour faire inverser la tendance. Car elle est la plus vaste forêt tropicale du monde.

Sauf que, selon les scientifiques « l’avenir de l’Amazonie elle-même est désormais incertain. Après des décennies de déforestation et les conséquences du changement climatique ». Sans parler que la déforestation sert à l’élevage de bétail qui émet du gaz méthane.

Or, en campagne en 2018, l’ex-président brésilien d’extrême droite Jair Bolsonaro (1/1/2019 – 1/1/2023) promet : « Si je deviens président, il n’y aura pas un centimètre de terre autochtone de plus ». Elles seront ouvertes « à l’exploitation minière ainsi qu’à d’autres activités économiques ». Et il ne faut pas oublier que certains de ses partisans sont toujours au Sénat.

Ainsi, selon la BBC, dans l’État du Pará, dont la capitale est Belém, « les taux de destruction de la forêt tropicale » est l’un des « plus élevés d’Amazonie ».

Et d’après National geographic, suite à une étude de 2021, des chercheurs notent que « victime de l’homme » la forêt amazonienne est déréglée. Car un « ensemble des gaz », CO² inclus, affectent son fonctionnement. Or elle « émettrait désormais plus de gaz contribuant au réchauffement climatique qu’elle n’en stocke ».

Régression écologique

Voilà que, malgré leur bonne volonté, certains pays de la COP30 se heurtent aussi à leurs propres contradictions.

Un exemple, la France. Où cette année le gouvernement ré-autorise des néonicotinoïdes dangereux, comme les insecticides acétamipride et flupyradifurone. Avec la loi Duplomb, complice du lobby agricole, qui nie la protection essentielle du vivant et les expertises scientifiques. Alors que ces pesticides étaient interdits dès 2018 pour leur toxicité avérée sur les écosystèmes. Et « pour l’ensemble du vivant » , comme affirme l’Union nationale pour l’apiculture française.

Aussi le Brésil. Qui, contre l’avis des écologistes, se lance désormais dans l’exploration pétrolière au large de l’Amazonie.

Des énergies plus propres

Alors que, quelques jours avant la COP30, António Guterres, secrétaire général des Nations Unies, demande aux dirigeants de « rompre avec l’ère des combustibles fossiles. Et d’« accélérer la transition vers des énergies renouvelables ». Car c’est plus « propre et abordable pour tous ».

Peuples autochtones gardiens de la forêt

Belém do Pará
Belém do Pará

Or Belém, en bordure Est de l’Amazonie, où l’immense bassin amazonien se jette dans l’océan Atlantique, est choisie pour accueillir cette COP. Afin de mettre l’accent sur les eaux, la forêt, la déforestation et les peuples autochtones.

Car les autochtones préservent les écosystèmes. Selon Gaïa Febvre, responsable des politiques internationales du Réseau action climat France, sur France Info : « Outre leurs précieuses connaissances, ils doivent être conviés et entendus. Parce qu’ils ont été jusqu’ici maintenus éloignés des instances alors qu’ils sont directement touchés. Donc ils doivent être impliqués » dans les décisions.

Aussi Febvre note qu’il s’agit d’« éviter l’accaparement de leurs terres ». Parce que cela est « lié à l’extraction de ressources fossiles, à l’orpaillage. Ou à la recherche de métaux comme le lithium, le cobalt ou encore le nickel ».

Voilà pourquoi, au 3ème jour de la COP30, des représentants des peuples autochtones forcent les portes du Congrès pour exposer leurs revendications contre l’exploitation de leur forêt. Le président de la COP30, André Aranha Corrêa do Lago, les appuie en clamant « Ils sont légitimes. Il faut les écouter ».

Fonds international pour les forêts tropicales – TFFF

Certes le Brésil place les forêts au centre de la lutte mondiale contre le dérèglement climatique. Dans ce sens il présente le 6 novembre, un ambitieux mécanisme inédit pour récompenser financièrement les pays qui réussissent à enrayer la déforestation tropicale. Il s’appelle Fonds de Forêts Tropicales pour Toujours, siglé en anglais TFFF. Avec des contributions dépassant les cinq milliards de dollars.

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André Aranha Corrêa do Lago président de la COP30 ©RDI 29/10/25

Or la majeure partie des forêts primaires se situent dans les pays tropicaux les plus pauvres. Tels que le Brésil, l’Indonésie ou la République démocratique du Congo. Où il est plus rentable d’abattre des arbres que de les préserver. D’où l’idée de créer ce système international. Et valoriser le rôle de ces pays tropicaux dans la régulation du Climat et de l’absorption du carbone mondial.

Aussi le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva assure qu’« investir pour le Climat coûte beaucoup moins cher que les guerres ».

En revanche quelques pays hésitent à participer à ce fonds forestier. Comme c’est le cas du Royaume-Uni ou de la Finlande.

Mais André Aranha Corrêa do Lago, président de la COP 30, souligne qu’« il ne faut pas oublier la dimension de l’urgence. Or chaque jour qui passe, où nous ne faisons pas ce qui doit être fait, donne des conséquences gravissimes. Et dans le cas des forêts cela est encore plus visible ».

Premier rapport du GIEC : 1990

À noter que c’est grâce au premier rapport du GIEC, Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du Climat – qu’il a eu le Sommet de la Terre à Rio.

Car, créé en 1988, le GIEC dévoile deux ans plus tard un rapport alarmant sur la gravité du changement climatique et de son impact à l’échelle mondiale.

Résultat le 12 octobre 2007, le GIEC est le colauréat avec l’ex vice-président américain Al Gore du prix Nobel de la paix. Cela pour « leurs efforts afin de mettre en place et diffuser une meilleure compréhension du changement climatique causé par l’homme ».

Al Gore estime à l’époque qu’il faut mettre les mécanismes de l’économie de marché au service des questions environnementales.

Ainsi, aujourd’hui, au vu de l’urgence climatique, 35 ans après ce cri d’alarme du GIEC, André Corrêa do Lago signale que le président Lula nomme cette réunion de l’ONU de 2025 « la COP de LA vérité ». Et « La vérité vient essentiellement de la science » conclut le diplomate.

Bref, aujourd’hui, l’actualité montre que le réchauffement climatique s’accélère rapidement dans les pays asiatiques. Mais aussi partout ailleurs. Il faut donc agir très vite !

NOLDS.