Valorisation du sonore au Festival de Cannes 2017
La création sonore mise en valeur au Festival de Cannes 2017
Pour la première fois le Festival de Cannes décerne un prix pour la Meilleure création sonore, dans le cadre de la sélection officielle « Un certain regard ». Son jury(*) remet le trophée dans le Salon des Ambassadeurs, au Palais des Festivals.
Lien video : Premier Trophée du Son au Festival de Cannes – Youtube
La Lauréate
Or c’est le président du Jury, le réalisateur américain Bob Swaim, qui annonce le nom de l’heureuse gagnante : « Alors nous avons attribué le prix de la Meilleure création sonore à la réalisatrice Kaouther Ben Hania pour » La Belle et la meute » ».
Le trophée
En outre, c’est Antoine Pierini, maître verrier à Biot, qui a créé ce trophée reçu par la réalisatrice tunisienne.
La réalisatrice de La Belle et la meute
Alors la cinéaste primée, Kaouther Ben Hania réagit : « En fait, c’est un film qui est composé de 9 plans séquences. Je savais dès le départ [qu’il n’y aura] pas beaucoup de montage d’images, [que l’on allait] tout miser sur le son. Et que le son c’était très important pour récréer du rythme, et maintenir en haleine le spectateur ».
La Semaine du Son instigatrice du Prix de la Création Sonore
Par ailleurs, c’est une victoire pour l’association la Semaine du Son regardinfos.com – semaine du son. Car c’est elle qui a proposé ce prix, désormais présent au Festival de Cannes.
– « Je me présente Christian Hugonnet, président fondateur de la Semaine du Son, qui est un mouvement qui a pour intérêt d’amener une prise de conscience du sonore dans la vie de tous les jours ; que nous avons lancé à l’UNESCO cette année. Une prise de conscience importante par rapport à un monde qui est de plus en plus ignorant, qui est de plus en plus rétinien. Car on ne fait que regarder le monde. On oublie tout simplement d’écouter. Et, peut-être, en écoutant on est un peu plus à même de mieux voir. »
« Le son est un personnage essentiel dans un film »
En outre, cette proposition a été parrainée par le réalisateur grec Costa Gavras. Interrogé ici par Janine Langlois-Glandier, présidente du Forum Médias Mobiles :
– « Costa le son pour toi ?
– J’ai toujours considéré que le son d’un film c’est essentiel. C’est même un personnage. Un personnage qui dialogue. Quand je dis le son : c’est la bande son. Ce que l’on appelle la bande son, c’est-à-dire le son naturel, le son créé. Et puis la musique, naturellement. »
Ensuite Janine Langlois-Glandier s’adresse au délégué général du Festival de Cannes, Thierry Frémaux :
– « Et Thierry s’est toujours passionné pour les problèmes de son : son artistique, son créatif. C’est un de ses sujets. »
Alors Thierry relève que : « Il faut toujours attirer l’attention sur ceux qui ne sont pas que du côté de la mise-en-scène, du scénario et, évidemment, de la distribution des comédiens. »
« Il n’y a pas de film sans création sonore »
Bref pour le délégué général du Festival de Cannes, le son c’est un personnage essentiel dans la réussite d’un film. Mais « il y a des films sans musique. Alors qu’il n’y a pas de film sans création sonore. »
Enfin le président du Jury, Bob Swaim, conclut que dans La Belle et la meute : « L’articulation sonore du film apporte un realisum [réalisme] qui participe à la dimension narrative, sémantique et artistique de cette œuvre. Cette articulation se situe dans le cadre des ambiances environnementales, musicales, qui placent le spectateur dans une tension intense tout au long du film. C’est un film vraiment qui fonctionne [dans son tout] : l’image, la construction, la mise-en-scène, les jeux d’acteurs. Et c’est vrai qu’il a un son qui nous a plu. Un son qui nous a porté. Formidable, vraiment ! Bravo ! ».
Rendez-vous au Festival de Cannes 2018 pour un nouveaux prix de la Meilleure création sonore.
Reportage NODS et Fç.
Notes :
– Photo ci-contre : remise du Prix de la Meilleure Création Sonore. De gauche à droite : Christian Hugonnet, la réalisatrice/productrice Robertie Valée, Costa Gavras, Janine Langlois-Glandier, l’ambassadeur du Liban auprès de l’UNESCO Kalil Karam, Bob Swaim, Kaouther Ben Hania, Antoine Pierini, la directrice générale de l’Orchestre National d’Île-de-France Fabienne Voisin.
– Parmi les nombreux invités sont présents : Patrick Bézier responsable du groupe Audiens partenaire de ce prix, Gérard Krémer journaliste-photographe-chasseur de sons, Michel Ligier auteur-compositeur-interprète, Françoise Ligier de la Commission École et Cinéma (ex-CNC), critique de cinéma pour Acid, FICA et les courts-métrages dont Les P’tits Lutins des Courts.
– Par ailleurs, la musique de La Belle et la meute est une composition d’Amine Bouhafa. Ce compositeur d’à peine 30 ans qui décroche, en 2015, le César de la Meilleure musique originale. Mais aussi le prix du FESPACO – Festival Panafricain du Cinéma de Ouagadougou, et celui de France Musique-SACEM.