« Sunless shadows » de Mehrdad Oskouei

Suite à Des rêves sans étoiles, le réalisateur iranien Mehrdad Oskouei présente un deuxième volet sur des adolescentes en prison. Sunless shadows est un documentaire sensible et pudique du point de vue de ces jeunes femmes au Moyen Orient.

Sunless shadows est un témoignage de ces jeunes personnes abusées par leurs proches. Dont le seul choix possible est tuer leur agresseur, puisqu’elles sont nées dans une société d’hommes archaïques et misogynes. Où les femmes n’ont pas librement droit à la parole ni le recours à leurs droits fondamentaux.

Victimes punies – Sunless shadows

Or, opprimées, violées, ces iraniennes encaissent toute cette violence jusqu’à la dernière goutte. Avant de commettre l’irréparable, souvent, avec la complicité de leur mère et sœurs. Parce que ces femmes vivent dans une société très masculine où il n’y a pas de Loi pour les défendre. Ainsi dès que ces adolescentes se débarrassent de leur prédateur, elles purgent une peine pour meurtre dans un centre de détention. Et c’est ici que le cinéaste y pose sa caméra.

Un iranien qui comprend ces femmes

Aussi c’est avec pudeur que Mehrdad Oskouei initie ces recluses à utiliser sa caméra, afin de parler de ce qu’elles veulent. Et faire entendre leurs voix, pour exprimer les sentiments qui les ont poussées à passer à l’acte.

Donc devant la caméra, ces jeunes manifestent peu de remords. Elles sont : Sara et sa sœur Elham, Negar, Mahsa, Somayeh, Panda, Ayda.

L’une d’elles dit que, selon sa mère « être mère n’est que faire la cuisine, le ménage et des enfants ». Tandis qu’une autre se rappelle que son père a avoué qu’il « ne voulait pas divorcer pour avoir quelqu’un pour s’occuper de lui ».

Heureusement ces enfants gardent encore l’insouciance de leur jeunesse. Parce que ces Persanes ont toujours de l’humour. Elles sont souriantes, quand elles ne sont pas tristes ou soucieuses pour leurs mères.

Refuge des brutalités familiales

Ainsi ce centre de rétention est pour elles un refuge. En effet, ici elles se sentent enfin protégées, loin de la brutalité et de la domination masculine familiale.

Au-delà de ça, dans cette ambiance entièrement féminine, elles peuvent avoir aussi des activités ludiques dans un cadre propre et strict. Comme modeler de la poterie, tout en profitant pour s’amuser avec la pâte d’argile. Ou prendre des bains de soleil avec le joli bébé de l’une d’entre elles, dans une cour en pelouse, pendant que quelques canetons se promènent.

Mais aussi s’évader, allongées sur des tapis persans presque volants, lors des séances de relaxation. Et, surtout, elles peuvent suivre des études.

74 min pour comprendre

Voilà comment, en une heure et quatorze minutes, Mehrdad Oskouei fait comprendre les motivations de ces jeunes personnes, qui finissent pour tuer dans un contexte précis. 

Aussi dans Sunless shadows on entend que même étant bien traitées, ces filles regrettent d’être éloignées de leur famille. « On n’avait pas à manger, confie l’une d’elles. Mais nous étions avec notre mère ! Ma mère est tout mon espoir ».

Et sa jolie maman, incarcérée, rétorque : « Une mère est celle qui illumine tout autour. Mes filles on enduré la Loi du talion. Elles ont déjà perdu leur père, et ne veulent pas perdre moi leur mère. Mais, à l’évidence, dans ce cas, la Loi du talion ne s’applique qu’aux femmes. Jamais aux criminels qui les ont obligées au pire !

Alors que ces enfants ne sont que des victimes d’hommes extrémistes. En effet, elles sont forcées d’agir en légitime défense. Par ailleurs, ce vécu lourd à porter pousse certaines au suicide.

Résultat : Sunless shadows est un documentaire poignant, puissant, sur un sujet complexe, primé pour sa réalisation toute en finesse.

Sunless shadows, du Persan Mehrdad Oskouei, sort au cinéma ce mercredi 26 janvier 2022.

NOLDS.