« L’Enfant de Goa » un film de Miransha Naïk au cinéma

« L’Enfant de Goa » montre une société indienne fermée, attachée à ses mœurs et à ses privilèges. À travers le regard du réalisateur Miransha Naïk.

 

« L’Enfant de Goa » est un film réussi qui montre à l’écran une ambiance tordue qui perdure de cette ancienne colonie portugaise. Des images présentées d’une manière simple, pure, telle quelle, sur de beaux paysages de la région.

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Santosh (Rushikesh Naïk) et Juze (Sudesh Bhise) ©L’Enfant de Goa

C’est aussi le reflet d’une époque où les populations s’appauvrissent au détriment d’une minorité de riches, ni honnêtes, ni justes. Ce qui d’ailleurs n’est pas le cas seulement en Inde !

« L’Enfant de Goa » est le premier long-métrage de Miransha Naïkest. Le réalisateur fait jouer des acteurs non professionnels, qui habitent à Goa. À part Rushikesh Naïk qui joue le rôle de Santosh, Sudesh Bhise (Juze) et Ranav Narote (Abdul) qui avaient déjà joué dans un court-métrage.

Lien video : bande annonce « Les Enfants de Goa »

Santosh est un adolescent pauvre avec un passé familial assez lourd. Il vit avec sa grand-mère qui est malade. Et tout cela fait de lui quelqu’un de vulnérable, mais aussi une proie facile aux abus de la société qui l’entoure.

Dans cette société indienne alourdie par le problème des castes, Santosh incarne un personnage qui se partage, entre une réalité dure, ses envies, et le moment difficile pour un garçon du passage à l’âge adulte. Surtout au milieu des adultes pas toujours très sympathiques, du village de Boribmol. Un village tout près de la plage où des touristes, indifférents à cette réalité, passent tranquillement leurs vacances.

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Santosh avec sa copine à l’école ©L’Enfant de Goa

Un enfant de Goa, pauvre, qui excelle à l’école

Par ailleurs, le personnage du jeune Santosh étonne plus d’un par son intelligence, sa curiosité, son amour envers les études et l’école. Où il est le premier de la classe, malgré la misère dans laquelle il vit, et sans avoir une nourriture adéquate pour un étudiant de son âge.

Néanmoins grâce à son courage et à sa détermination, Santosh se révolte contre les mauvais traitements subis, contrairement à la passivité des siens. Et il arrive à se sortir de ce milieu qui l’étouffe.

Goans considérés comme des étrangers à Goa

C’est un cinéma qui focalise des problèmes supportés par des « immigrants », tels que le mépris et l’esclavage. Le sort de ces personnes réduites à faire le sale travail pour survivre, face à des pervers propriétaires terriens.

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Santosh se bagarre avec Juze, le patron©L’Enfant de Goa

Par ailleurs, à Goa la définition d’« immigré » englobe même les Goans ; parce qu’elle concerne tous ceux qui vivent en état de pauvreté. Par exemple, « un Goan comme Santosh, est considéré comme un étranger dans son propre village », explique le réalisateur Miransha Naïk dans un entretien. Ainsi Santosh est victime des mêmes racismes, mauvais traitements et injustices que tous ceux qui sont venus d’autres villes du Pays.

Ces expatriés ont rêvé d’une vie meilleure. Car avant la décolonisation portugaise,1961, Goa était considérée comme un Eldorado, attirant un flux migratoire conséquent. Mais la réalité a été bien plus amère. Et ces immigrés n’ont pu accéder qu’à des emplois précaires une fois sur place.

Santosh
Santosh affamé devant un régime de bananes©L’Enfant de Goa

Propriétaires de bidonvilles

Or « Des personnes comme Juze, dit le réalisateur Miransha Naïk, existent dans tous les villages aux alentours de Goa. Ces propriétaires de bidonvilles abusent de leur pouvoir et exploitent les personnes les plus vulnérables, comme les immigrés ». Juze (Sudesh Bhise) représente un tyran, un opportuniste, un Slum Landlord (propriétaire de bidonville).

Miransha Naïk, lui-même, a assisté aux moments de « domination et de chute » de l’un de ces Slum Landlord, dans le village où il habitait. Où il a connu également quelqu’un de la fibre de Santosh.

Une histoire dure dans un décor dépaysant

« L’Enfant de Goa » est une fiction qui relate une histoire vraie dans un rythme apaisant, souligné par une bonne musique, malgré la dureté de son contenu. Dévoilant de beaux paysages de sa région sous une belle lumière.

Neide Olívia De Souza.