Las Marimbas del Infierno enfin en France

Le film Las Marimbas del Infierno, écrit et dirigé par Julio Hernández Cordòn, sort en France. Le réalisateur latino-américain livre une fiction très touchante, basée sur des faits réels.

 

Dans Las Marimbas del Infierno Julio Hernández Cordòn raconte l’amour d’un musicien à l’égard de son instrument. Tout en montrant une certaine réalité du Guatemala où règne le chômage. Et où les gens deviennent paumés, au vu d’une vie qui marche au ralenti. Assortie de quelques notes de violence et de quelques coups ratés, faits par des débrouillards ou de vrais méchants.

 

Las Marimbas del Infierno

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Dessin du groupe avec ses 3 musiciens ©Las Marimbas del Infierno

Pour le poète Javier Payeras Las Marimbas del Infierno « est le portrait d’une génération guatémaltèque qui est passée de la dictature à la démocratie. Une démocratie sans emplois, sans éducation et sans perspective de transformation politique ».

C’est un film d’un rythme différent. Il fait voyager sur des terres lointaines, dans un train de vie difficile à imaginer.

Link video : bande annonce Las Marimbas del Infierno

 

Don-Alfonso
Don Alfonso ©Las Marimbas del Infierno

La Marimba de Don Alfonso (Alfonso Tunche)

« Las Marimbas del Infierno » est aussi le portrait de Don Alfonso Tunche. Un coursier qui traverse Guatemala City dans la journée, pour recevoir des paiements pour le compte de tiers. Mais cet homme est surtout très attaché à sa Marimba. Au point qu’il a écrit sur son bois « Siempre Juntos », toujours ensemble. Sa Marimba est belle. C’est un instrument sculpté sur du bois noble. C’est avec elle qu’il gagne sa vie en  faisant de l’animation dans des hôtels, des mariages, baptêmes, communions.

La vie change aussi pour les Marimbas

Auparavant, durant des années, avec sa Marimba la vie de Don Alfonso ressemblait à celle d’une rock star. Jusqu’à que tout bascule avec l’arrivée du iPod. Depuis ses contrats sont annulés. Les goûts ont changé. Dorénavant les gens préfèrent les musiques qui sortent de cette nouvelle technologie.

Ainsi de bout en train Don Alfonso est de moins en moins appelé. Et ce n’est pas tout. Puisqu’il subi aussi des rackets par des gangs locaux. Ce qui le force à s’éloigner de sa famille pour la mettre en lieu plus sûr. Il doit aussi cacher et surveiller sa Marimba.

Sa maison devient vide. Don Alfonso reste seul en compagnie de sa Marimba. Alors il dort sur un fauteuil, pour monter la garde. Parce qu’il a peur que les malfrats ne reviennent pour le blesser, et brûler sa Marimba.

 

Don-Alfonso-et-nouvelle-Marimba
Don Alfonso et sa nouvelle Marimba ©Las Marimbas del Infierno

Marimbas et Rock’n Roll

Pour s’en sortir, Don Alfonso accepte l’idée du jeune Chiquilín et tente de s’associer avec El Blacko, la légende vivante du heavy metal au Guatemala.

Résultat : « Las Marimbas del Infierno » sont nées, dans une expérience de fusion musicale traditionnelle et d’esprit rock.

Le temps passe, et les difficultés continuent. Aujourd’hui Don Alfonso joue dans des fêtes de quartier. Il ne mélange plus sa marimba au heavy metal. Et il a toujours peur de rentrer chez lui.

 

Chiquilín
Chiquilín ©Las Marimbas del Infierno

Chiquilín (Victor Hugo Monterroso)

Victor Hugo Monterroso est un peu sauvage et très sérieux au travail. Jeune conducteur de grue dans l’entreprise de son père. Le jeune Victor dort dans sa cabine, tout en haut de la grue, pour ne pas rater l’appel du chef de chantier.

Alors qu’il était petit, vers l’âge de 6 ans, Victor Hugo a été renversé par une benne à ordures. Il  en gardé des cicatrices visibles. Plus tard, le jeune adulte a été un élève rebelle du réalisateur Julio H. Cordón à l’école de cinéma. Où il squatte pour dormir dans les locaux techniques. Selon Julio Hernández, Victor Hugo était « l’étudiant le plus étrange et le plus sensible de la classe ».

Puis, Victor Hugo devient assistant de production sur différents tournages. Jusqu’à sa performance dans « Las Marimbas del Infierno » qui lui fait remporter le Prix du Meilleur Acteur au Festival de Icaro. Ensuite il ne joue que des rôles de délinquant dans plusieurs films. Alors il essaye, durant 3 ans, de réaliser un documentaire sur les mafias des ordures, La Mina. En août 2014, Victor Hugo Monterroso a été assassiné.

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El Blacko ©Las Marimbas del Infierno

El Blacko (Roberto González Arévalo)

Roberto González Arévalo, surnommé El Blacko, est un personnage étrange lui aussi. Il ne s’habille qu’en noir et refuse de se couper les cheveux. Comme son père, il est médecin et de temps à autres il fait des remplacements en tant que tel. Mais cet élève brillant, en médecine, préfère la voie du heavy metal et de l’underground pour s’épanouir.

Los Guerreros del metal

En outre Roberto González Arévalo est le fondateur du groupe satanique Sangre Humana. L‘un des premiers groupes heavy metal du pays. Dont le morceau Vision Satanica est devenu un tube. Puis il créé un groupe de rock, mythique, Los Guerreros del Metal, qui a connu l’apogée en 1989. Blacko joue un heavy metal militant. Peut-être pour se réfugier et contrer « un héritage chrétien pesant, prude et consumériste », comme le souligne l’essayiste Javier Payeras dans son blog. 

Blacko est batteur et compositeur. Avec sa voix rauque il reste, musicalement, fidèle à ses origines : hard rock primaire, chant guttural, et mysticisme.

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Roberto González Arévalo dans une synagogue ©Las Marimbas del Infierno

Heavy Metal et Mysticisme

Quant à sa musique elle a toujours incorporé une dimension religieuse variée. Au départ satanique, elle a fait sa vie tourner au cauchemar. Ensuite il change et choisit de devenir pasteur. Après il fonde plusieurs églises évangélistes. Puis il essaie de récupérer les chrétiens. Or comme ça ne marche pas non plus, il se converti au judaïsme. E prêche dans une synagogue sans connaître le Yiddish.

Ainsi à travers le temps, son âme rebelle le pousse à modifier sans cesse ses croyances. Tout en le piègeant en même temps. Puisque cela désoriente non seulement ses fidèles mais aussi son public. 

Selon Julio H. Cordòn, « Blacko est probablement l’image la plus authentique de la dissidence de la société au Guatemala, un pays aussi conservateur qu’intolérant ».

 

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Julio Hernández Cordòn, réalisateur ©Las Marimbas del Infierno

Le réalisateur Julio Hernàndez Cordòn

Julio Hernández Cordón est né en 1975 en Caroline du Nord, États-Unis. Son père est Mexicain et sa mère est Guatémaltèque. 

D’abord ce professeur de cinéma réalise son premier long métrage de fiction en 2006 Gazolina, et depuis ses films sont primés dans les festivals.

Pour son deuxième projet de long métrage, Polvo, un film sur les séquelles de la guerre civile au Guatemala, Julio Hernández Cordón a participé à la 18è Résidence de la Cinéfondation du Festival de Cannes

Mais, en 2010, Julio Hernández suspend l’écriture de Polvo pour tourner Las Marimbas del Infierno. Enfin en 2011 il tourne Polvo. Son dernier film titré Atrás hay relámpagos fut présenté à Rotterdam en 2017.

Las Marimbas del Infierno : entre documentaire et fiction

Julio Hernàndez Cordòn aime travailler sur des histoires sensibles. Où se mêlent documentaire et fiction. Ici ce réalisateur latino-américain réunit, durant 18 jours de tournage, des personnages différents. Pour raconter leur histoire et leur rencontre dans un pays en plein chaos.

Ces personnages font ce qu’ils aiment et en assument, pleinement, les conséquences. « Pour eux l’argent n’est pas leur première motivation », affirme le réalisateur, même s’il n’ont pas grande chose à se mettre sous la dent. Ce sont sûrement des personnes avec des parcours difficiles, qui essaient de s’en sortir. Tout en gardant intact leur amour pour la musique.

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Chiquilín volant la Marimba « Siempre Juntos » ©Las Marimbas del Infierno

Une volonté de métal

Las Marimbas del Infierno est un film qui a emporté plus de quinze prix internationaux depuis sa sortie. En France il devrait sortir en mai 2012. Mais « la vie des films est parfois compliquée, explique l’un de ses producteurs, Cyriac Auriol. Un distributeur qui dépose le bilan la veille de la sortie… Puis de la salle à l’oubli il n’y a qu’un pas… Un peu à l’image des protagonistes de ce film que rien n’abat. Après cinq années de démêlés divers nous, Julio Hernández Cordón et moi, sommes enfin parvenus, avec l’énergie de Rouge Productions, à lui offrir la sortie qu’il mérite ! ». Voilà le pourquoi de cette sortie tricolore si tardive.

 

Las Marimbas mise en vogue par Les Rolling Stones

La marimba, ou le marimba, est une espèce de xylophone africain avec des résonateurs. Elle est jouée par des musiciens, debout, à l’aide d’une paire de baguettes, ou deux ou plus selon le virtuose. La taille de la marimba varie selon le nombre d’octaves. Selon la tradition la marimba est fabriqué et assemblée à la main. C’est un instrument très populaire au Guatemala. À tel point qu’il fait partie du patrimoine culturel de ce pays d’Amérique Latine.

Sans doute les Rolling Stones ont contribué à populariser la marimba. Lorsque Brian Jones en a jouée, en 1966, pour la première fois, sur Under My Thumb Lien : Marimba – source.

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Les trois copains buvant une bière ©Las Marimbas del Infierno

Selon Julio Hernàndez Cordòn Las Marimbas del Infierno est « un hommage à tous ceux qui développent et réalisent des projets impensables dans un pays comme le Guatemala ».

En tout cas Las Marimbas del Infierno est un film sensible, différent et symbolique. Il sort en salles ce mercredi 10 janvier 2018.

Neide Olívia De Souza.