Free speech, Parler sans peur, signé par Tarquin Ramsay

Le film Free speech interroge sur la liberté d’expression et son impact sur le quotidien de chacun d’entre nous.

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Tarquin Ramsay ©Free speech

Free speech, en français Parler sans peur, est le résultat d’un défi, tel un devoir de vacances, lancé au jeune Tarquin Ramsay par son père quand ils étaient au Sri Lanka, en 2011. Puis sur place, l’adolescent constate que « les locaux soutiennent avec ferveur les principes de WikiLeaks et le travail du lanceur d’alerte Julien Assange ». (Résumé en brésilien à la fin de l’article/Resumo em português no fim da matéria).

La liberté de parole : Free speech

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Diani et Niamh Barreto ©Free speech

Voilà que, âgé de 15 ans, cheveux longs attachés, Tarquin part avec caméra et micro. Ainsi il voyage de Londres à Amsterdam, en passant par Berlin et des villes des États -Unis. À questionner, entre quelques images d’archives, des lanceurs d’alerte, des artistes, des ingénieurs, des cyberpunks, des hackeurs. Mais aussi des gens de  son âge et des moins jeunes. Comme la sage Niamh, d’à peine 11 ans, qui le promène à Teufelsberg avec sa maman ; la journaliste et artiste cubo-américaine Diani Barreto exilée en Allemagne depuis 25 ans. Niamh avoue s’autocensurer lorsqu’elle parle au téléphone, ou écrit un e-mail.

À tous Tarquin pose la même question : – « Qu’est-ce que la liberté d’expression ? ». Résultat  : cinq ans plus tard il fini le tournage de Free speech.

Lanceurs d’alerte et abus de sécurité

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Julian Assange ©Free speech

Parmi quelques défenseurs de la liberté de parole rencontrés se trouve l’Australien fondateur de WikiLeaks, Julian Assange(1). Un homme qui a pris de sacrés risques, et qui est toujours susceptible d’aller en prison.

John-Kiriakou
John Kiriakou ©Free speech

En revanche John Kiriakou accusé d’espionnage a passé deux ans en taule. Et continue à être surveillé par une voiture banalisée. Son crime : dénoncer les pratiques illégales. « Des charges contre les citoyens sont établies, dit-il, et des libertés ont été perdues après le 11/9, avec l’attentat des Tours jumelles du World Trade Center – WTC [ Manhattan, NewYork, 11/9/2001]. Depuis de nouvelles lois nous empêchent de vivre dans un pays libre… Alors que les Américains ont le droit de savoir ce que le gouvernement fait en leur nom… Et la liberté de diffuser des informations est plus importante que l’idée d’un jour être protégé d’une attaque terroriste future. »

Artistes persécutés

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Natalia Kaliada ©Free speech
Julia-Farrington
Julia Farrington ©Free speech

Or on y découvre aussi un troupe de théâtre biélorusse. Dont les membres, obligés de produire des spectacles cachés, sont régulièrement arrêtés par la police. Au delà d’être interdits de poursuivre leurs études à l’université. Julia Farrington, responsable des relations publiques du Théâtre de Biélorussie note que « devant un régime totalitaire la peur fait taire les gens. Alors tout devient tabou, tout se transforme en problème politique. Car on ne peut plus parler, on est persécuté et menacé ».

Aussi Natalia Kaliada, cofondatrice du Théâtre Libre de Biélorussie, confesse que dans son pays si on essaye de rétablir la démocratie on est puni. Elle témoigne que son ami « Andrej Salnikov, principal candidat à la présidentielle, a été arrêté avec sa femme par le KGB. Car si vous exprimez ce que vous pensez vous êtes emmené en prison et torturé ». Voir aussi le reportage d’Arte, 3/9/18 : « La Biélorussie une dictature ordinaire », portrait de Loukachenko président d’une République aux portes de l’Europe.

Données privées surveillées

Quant à la journaliste britannique Sarah Harrison elle ajoute qu’il y a aussi un problème majeur concernant nos données privées. Sarah est une proche d’Assange. En effet c’est elle qui a aidé le lanceur d’alerte américain Edward Snowden(2) à obtenir un asile politique. Sarah souligne que « les gouvernements profitent, du fait que nous communiquions avec nos ordinateurs, pour avoir librement accès à nos e-mails. Ils peuvent ainsi prendre des mots isolés de nos courriels pour nous faire un procès ». Cette chercheuse en droit confirme que « la loi anti-terroriste, sous prétexte d’arrêter des bandits, arrête des innocents(3). Et fait des menaces contre la liberté prétextant résoudre des problèmes. »

En clair : faire peur en prenant le terrorisme comme bouc émissaire est un subterfuge pour dominer les consciences, jusqu’à l’inconscient. Dans le but d’obtenir une adhésion populaire à l’adoption de lois de surveillance, qui ont en réalité pour but de limiter la liberté d’expression.

Free Speech dans l’actualité

Mais malgré les propos intéressants des intervenants, le film nous laisse sur notre faim. Surtout par le manque d’une vraie écriture, tel un film d’école. Tout comme le réalisateur, en se mettant en scène, n’a pas encore appris qu’il ne faut pas mettre des chaussures sales sur un siège.

Alors que la liberté d’expression est un sujet respectueux, noble, et toujours d’actualité. Par exemple, le 1/9 WikiLeaks a annoncé, sur Twitter, « l’étrange disparition de Arjen Kamphuis(4) ». Et le 3/9 deux journalistes de l’agence Reuters, Wa Lone et Kyaw Soe Oo, ont été condamnés, en Birmanie, à sept ans de prison  pour « atteinte au secret d’État ». Pour avoir enquêté sur le massacre de musulmans Rohingyas(5) par l’armée. Or ça se passe dans le pays de Aung San Suu Kyi, Prix Nobel de la Paix (1991), conseillère spéciale de l’État et porte-parole de la présidence de la Birmanie.

 

Free speech sort au cinéma le 5 septembre.

NOLDS.

P. S. : En brésilien, resumo em português do Brasil

Free speech é o primeito longa do jovem Tarquin Ramsay. O diretor inglês realizou assim um film de protestação, em forma de documentário, sobre um assunto nobre e atual. Mas, apesar dos bons interlocutores, ele parece mais a um filme escolar que profissional.

Notes :

(1) Julian Assange, né en 1971, informaticien australien et cybermilitant naturalisé équatorien en 2017. Le rédacteur en chef et porte-parole de WikiLeaks reste réfugié depuis 2012 dans l’ambassade d’Équateur, à Londres. Malgré plusieurs manifestations demandant sa libération. La justice des États-Unis le poursuit depuis sa publication sur WikiLeaks (2010) de papiers militaires et de câbles diplomatiques américains classés « Top Secret, Secret et Confidentiel ».

(2) Edward Snowden, né en 1982, informaticien américain. Après avoir travaillé pour la CIA – Central Intelligence Agency et pour la NSA – National Security Agency, il a révélé, en 2013, dans la presse, des documents américains et britanniques classés « top-secret ». Concernant des programmes de surveillance de masse par des systèmes d’écoutes téléphoniques et par internet.

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Arjen Kamphuis ©WikiLeaks
Livre-de-Pierre-Miquel
Livre de l’historien Pierre Miquel

(3) Lire également « Les Mensonges de l’État » de Pierre Miquel, éditions Perrin, 2002. L’histoire des mensonges intentionnels, ou par omission, au nom de la raison d’État. Des croisades à la propagande orchestrée contre les Cathares, les Juifs, Jeanne d’Arc. Du complot de Ravaillac à l’affaire Fouquet jusqu’aux mensonges de la guerre de 1870, et l’affaire Dreyfus. Des mensonges de masse, comme celles des camps de concentration et du goulag.

(4) En effet, Arjen Kamphuis, 47 ans, associé d’Assange, expert en cybersécurité disparu entre les villes norvégiennes de Bodo et Trondheim. L’annonce précise que l’expert en cybersécurité a été vu la dernière fois le 20 août quittant l’hôtel à Bodo, dans le nord de la Norvège. Selon WikiLeaks, Arjen Kamphuis avait un billet pour un vol le 22 août au départ de Trondheim, à plus de 700 kilomètres au sud de Bodo.

(5) Voire le documentaire de Barbet Schroeder «  Le Vénérable W. » (2017).