Les Mystères de Barcelone un suspens bien mené

Un thriller de Lluís Danés très efficace, basé sur l’un des moments les plus sombres de l’histoire de Barcelone. Un fait réel du début du XXème siècle qui fait couler beaucoup d’encre.

Les Mystères de Barcelone c’est une première fiction pour le cinéma de Lluís Danés. Or ici ce réalisateur catalan met en scène l’enquête acharnée de Sebastià Comas (rôle joué par Roger Casamajor). Car ce journaliste est obsédé par la disparition de quelques enfants dans le quartier du Raval. Dont une fillette d’une famille aisée, Teresa Guitart. Résultat : Comas tient à tout prix à apporter la lumière sur cette affaire macabre et mystérieuse, qui le touche profondément…

Barcelone au début du XXème siècle

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Roger Casamajor (Comas entouré de journalistes) ©Les Mystères de Barcelone

Or, en 1912, la population a peur. Car la rumeur se répand qu’un tueur en série rôde à El Raval. Ce quartier populaire du centre de Barcelone, animé et bruyant, sombre et inquiétant, entre la place de Catalunya et les Ramblas.

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Sergi López (Amorós) ©Les Mystères de Barcelone

Très vite des soupçons mettent en cause une femme un peu sorcière, Enriqueta Marti (Nora Navas). Du coup, présumée coupable par le policier Amorós (incarné par Sergi López), la Catalane est accusée d’enlèvement et d’assassinat de mineurs.

Aussi la presse, faute d’actualité plus vendeuse, s’empare du sujet, forge l’opinion publique, en fait ses choux gras.

Alors la Une des journaux la surnomme « La vampira de Raval ». Le bruit circule qu’Enriqueta concocte sa potion magique avec os, cheveux, chairs, sang, provenant des enfants qu’elle tue après les avoir prostitués.

El-Raval
El Raval ©Les Mystères de Barcelone

Le vampire de Barcelone

En fait, Enriqueta Marti fait parler d’elle lors de l’épidémie de la tuberculose à Barcelone. Car cette femme, atteinte de troubles psychologiques, se vante de pouvoir éradiquer la tuberculose avec un remède miracle.

Ainsi Les Mystères de Barcelone laisse planer le doute sur cette femme. Est-elle une meurtrière ? Ou s’agit-il d’une coupable idéale à sacrifier, pour endosser le crime de ceux qui manipulent la société ?

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Rue de Barcelone ©Les Mystères de Barcelone

Or ce scénario à rebondissements de Lluis Arcarazo Martinez et Maria Jaén est troublant. Alors pour appuyer le récit de cette enquête cauchemardesque le cinéaste Lluís Danés utilise des images en superposition. Aussi de la couleur, du noir et blanc afin de pénétrer le climat et l’atmosphère de l’époque.

En fait cette fiction s’inspire d’une histoire vraie. Elle met en exergue deux milieux sociaux opposés. La société des bas fonds et celle des riches. Mais, à part l’argent qui les sépare, ces êtres sont-ils vraiment différents ? Se rejoignent-ils dans l’affreux et dans l’abus ?

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Réunion au bordel ©Les Mystères de Barcelone

Et, tout ça, donne un portrait d’une société à deux vitesses avec ses ambigüités. Où la perversité des gens pas clairs atteint des sommets. « Pour satisfaire leur vice », dit l’un des protagonistes.

Or ici l’on passe d’un environnement urbain et industriel à un bordel. Mais, dans ce monde à huis clos, des notables sont aussi des monstres amoraux dès que l’on dérange leurs affaires. Où seule la puissance de l’argent compte.

Un casting et des techniciens au top

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Lluís Danés, réalisateur catalan ©Les Mystères de Barcelone

Par ailleurs, dans ce film très intéressant du style série noire, Lluís Danés réunit un casting parfait. Parmi d’autres, Bruna Cusi (Amèlia), Mario Gas (Méndes), Nuria Prims (Madame), Francesc Orella (Salvat).

À remarquer également les Filmworkers qui contribuent à l’esthétique du film. Par exemple, la belle photo de Josep Maris Civit, les beaux costumes de Mercè Paloma, l’excellent son de Daniela Fermín.

La nuit tous les chats sont gris

Barcelone
Barcelone ©Les Mystères de Barcelone

Ainsi Les Mystères de Barcelone remet en lumière une légende restée dans l’imaginaire collectif. Pour mieux montrer le contraste en ce début du XXème siècle dans la ville de Gaudi.

Mais aussi pour évoquer, à travers le combat d’un journaliste tourmenté, de manière subtile le pouvoir de l’argent. En passant par l’inceste, la prostitution infantile, la drogue.

Enfin, Les Mystères de Barcelone c’est du bon cinéma. Il dénonce les tares, le sordide, le cynisme d’une société sans scrupule. Ce qui englobe des crimes pour garder un secret. Avec un bouquet de corruption, trahison, mensonges, afin que des puissants restent au-dessus de tout soupçon.

Bref ce suspens est très bien réussi. Il captive par toutes ses ambiances.

NOLDS.