Vivian et Johnny, la légende de Nashville

Un documentaire passionnant qui met en lumière la première épouse du célèbre John Cash, l’idole de la musique country. Vivian et Johnny, la légende de Nashville parle d’une femme extraordinaire liée pour la vie à ce musicien américain décédé un 12 septembre.

Vivian et Johnny, la légende de Nashville est un film de Matt Riddlehoover. Où le réalisateur retrace la vie de Vivian grâce au témoignage de ses quatre filles avec Johnny Cash. Ici Rosanne (1955), Kathy (1956), Cindy (1958) et Tara (1961) racontent leur vie avec leurs parents. Elles donnent leur point de vue sur leur mère. Une femme discrète, mariée à un homme qui est devenu la grande star de la country music.

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Matt Riddlehoover, réalisateur de « Vivian et Johnny, la légende de Nashville »

Hommage familial à une femme attachante

De plus c’est le premier documentaire de Matt Riddlehoover. Alors le cinéaste raconte que ce sont des récits de sa belle famille qui lui donnent l’envie de faire ce film sur Vivian Dorraine Liberto Cash Distin(1) (1934 – 2005). En effet Matt voulait rendre hommage à cette jolie femme gracieuse, forte et humble. D’autant plus qu’elle est aussi la grand-mère de son mari et producteur, Dustin Title, fils de Kathy Cash Title.

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Vivian Dorraine Liberto ©Famille Cash

Par ailleurs, la fille ainée de Vivian et Johnny, Rosanne Cash, souligne qu’elle et ses sœurs sont « profondément émues et reconnaissantes » à Matt. Car, pour cette guitariste et chanteuse country, comme son père, ce film montre la vraie Vivian Cash. Dont l’image est souvent dégradée, ou même ignorée, dans les hommages, biographies, ou biopics sur son père.

Le biopic Walk the line

Comme, par exemple, dans le film oscarisé Walk the line de James Mangold, avec le magnifique Joaquim Phoenix dans le rôle de Johnny Cash. Où, selon sa famille, Vivian est « grossièrement dénaturée » au profit de sa deuxième femme June Carter(2).

Car Mangold utilise pour titre de son biopic celui de la chanson la plus populaire de l’immense répertoire de Cash. I walk the line (1956), si justement écrite par Johnny pour Vivian. Afin de lui exprimer tout son amour et symboliser sa fidélité envers elle. Or ce biopic de Mangold est tendantieux, puisqu’il passe sous silence des détails très importants de la vie de Johnny au détriment de Vivian.

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Mariage de Vivian Liberto et Johnny Cash, 1954 ©Famille Cash

La chanson I walk the line – premier couplet

I Walk The Line (Je file droit). Because you’re mine, I walk the line (Parce que tu es mienne, je file droit). I keep a close watch on this heart of mine (Je te surveille de près mon cœur). I keep my eyes wide open all the time (Je garde mes yeux bien ouverts tout le temps). I keep the ends out for the ties that bind (J’empêche que les liens qui nous attachent ne se brisent). Because you’re mine, I walk the line (Parce que tu es à moi, je file droit).

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Vivian et Johnny Cash ©Famille Cash

Or ces paroles du guitariste, auteur-compositeur, un peu machos certes, sont là pour l’éternité pour Vivian.

Alors suite au succès de ce tube, la famille Cash déménage de Memphis vers la Californie. Puis tout commence à chambouler dans la vie du couple. Et les medias ne sont jamais tendres envers Vivian.

Une maison isolée

Du coup Vivian se sent humiliée, angoissée. En fait la belle jeune maman aux cheveux noir de jais, ne s’est pas préparée pour ce type de notoriété. Pourtant, elle fait tout correctement comme une bonne catholique sait le faire. En effet cette native de San Antonio, Texas, assume parfaitement son rôle de femme au foyer, pour que Johnny puisse se dédier entièrement à sa carrière. Vivian a, pratiquement, élevé seule leurs quatre filles. En prenant tout sur elle, afin que leurs enfants ne pâtissent pas des querelles du couple.

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Vivian et Johnny Cash ©Famille Cash

Sans parler qu’elle accepte toutes les fantaisies de son homme, sans jamais baisser les bras, pour ne pas briser l’harmonie du foyer. Car à Los Angeles, Johnny la place avec les filles dans une immense maison à Casitas Springs. Un lieu sauvage éloignée des voisins, près d’un ravin, avec des serpents à sonnette tout autour. De plus Johnny adore les bêtes. Alors chez eux il y a aussi des poussins, un singe, un perroquet, un chien, un lynx. Sans compter les groupies qui viennent souvent sonner à la porte jusqu’à une heure du matin.

300 galas sur 365 jours

Alors que Johnny n’est que rarement là. Car il travaille dur, accaparé par une profusion de quelque 300 concerts annuels. En clair, quand il n’est pas sur scène il est sur la route. Au total, pour une cinquantaine d’années de carrière, il enregistre 55 albums studio et 6 lives. En fait, Johnny vit pour la musique. Sauf qu’il commence à dépasser ses limites. Sans parler des infidélités qui suivent ses galas. En somme, il s’est bien éloigné du « Je file droit » de sa chanson. Mais tout a un prix. Pour maintenir ce rythme routinier, il se drogue en avalant alcool et amphétamines à gogo.

Et Vivian veille au foyer pour éviter que les filles ne se rendent compte de l’état du père, lors qu’il rentre avec sa mallette pleine de cash.

Ku Klux Klan adepte des fake news

Mais ça ne s’arrête pas là. Par exemple, le 26 décembre 1965 après l’arrestation de Johnny à El Paso, Texas, pour une affaire de pilules. Tandis que Vivian l’accompagne à la sortie du tribunal, un photographe de presse capte leur image laissant au tirage le visage de Vivian un peu sombre. La photographie donne l’impression que Vivian est noire(3).

Du coup la presse suprémaciste blanche s’en empare. Comme si la valeur des gens passait par la couleur de la peau, elle se déchaîne sur Vivian avec des fake news. Dès lors des titres accrocheurs et bien racistes font la Une. Tel que : « Johnny Cash est marié à une négresse et ils ont quatre métisses ». Alors qu’en vrai les parents de Vivian sont d’origine européenne. Résultat : déception de certains fans, annulation de concerts, menaces du Ku Klux Klan sur Vivian et ses filles qui vivent désormais avec la peur au ventre.

Le temps passe… Vivian demande le divorce au bout de seize ans d’un amour fou. Débuté par un coup de foudre, en 1951, avec un charmant élève officier de l’US Air Force dans une patinoire, alors qu’elle n’avait que 17 ans. Car la très catholique native de San Antonio craque. Aussi elle en a marre de cette vie de couple à trois…

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Vivian et Johnny Cash ©Famille Cash

Vivian et Johnny, la légende de Nashville

Ainsi parmi des archives inédites, Vivian et Johnny la légende de Nashville donne accès à un extrait d’une émission de télévision. Où la chanteuse June Carter s’amuse à répandre des propos archi faux. Par exemple, qu’ils ont « beaucoup de travail chez eux avec leurs six filles et un garçon ». Sans que pour autant Johnny la rectifie. Alors Vivian se met en colère, elle enrage chez elle.

Si bien que ce n’est qu’un constat de plus. Leur fille, Rosanne Cash signale que « l’histoire de sa mère a souvent été perdue, ou mal interprétée, pour servir un mythe ».

Un livre I walked the line, my live with Johnny 

Peinée, Vivian décide de rétablir la vérité aussi bien pour leurs enfants que pour les fans de Johnny. Elle écrit donc un livre pour faire entendre sa voix, en 2007, coécrit avec Ann Sharpsteen. Mais aucune diffusion ne sort sur son livre « I walked the line, my live with Johnny ». Encore là les médias la censurent, l’ignorent, restent opaques envers cette femme. Une personne exemplaire, romantique, généreuse, qui a consacré sa vie à ses enfants et à leur père, le talentueux Johnny Cash (1932 – 2003).

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Vivian Cash entourée de ses filles : Rosanne, Kathy, Tara et Cindy ©Famille Cash

Medias tendancieux

Mais le summum du mépris se passe à Nashville. Pourtant le rôle d’un média indépendant est de diffuser et d’informer sans parti pris. En effet lors d’un concert à l’auditorium Ryman en mémoire de Johnny Cash (1932 – 2003), suite à son décès, le présentateur ne parle que de feu June (1929 – 2003) alors que Vivian est là.

Puis le présentateur invité le chanteur Rodney Cromwell, ex-mari de Rosanne Cash, sur scène. Avant de chanter, Rodney annonce qu’il tient à rendre hommage à sa belle mère Vivian Cash. Mais, lors de la diffusion ces mots de Rodney pour Vivian sont coupés à l’antenne. C’est sidérant.

Un documentaire sur l’amour

Enfin Vivian et Johnny, la légende de Nashville sort en VOD le 23 juin. Afin que cette belle brune, élégante et réservée, puisse être appréciée à sa juste valeur. Une femme comme tant d’autres, dont le seul désir est de vivre en paix avec sa famille.

Par ailleurs ce documentaire de Matt Riddlehoover voit le jour à un moment clef, où les femmes exigent de sortir de l’ombre, pour se faire entendre. Il sort aussi avant les 18 ans du décès de Johnny Cash, le 12 septembre.

Bref, Vivian et Johnny, la légende de Nashville est un film édifiant. Un documentaire superbe, très humain. Il met en avant le rôle d’une femme dans la vie d’un homme, tout en soulignant les coulisses du show business et des médias. Voilà la force de cette œuvre de Matt Riddlehoover. À ne pas manquer.

NOLDS.

Notes :

(1) En 1968, Vivian se remarie avec Dick Distin, un officier de police. Elle se dédie aux arts plastiques et aux œuvres communautaires. Puis, pour son plus grand plaisir elle devient grand-mère.

(2) June Carter est née dans la première famille de musiciens country, très influente dans la musique country aux États-Unis. Ses parents sont musiciens, ainsi que ses deux sœurs. Elles forment les Carter Sisters. En 1969, June épouse en troisième noces Johnny Cash.

(3) Jusqu’en 1967 aux États-Unis les mariages mixtes sont interdits, notamment dans le Sud.