Anna Maria Maiolino, l’artiste brésilienne au Musée Picasso
Le Musée Picasso à Paris, dans le cadre de l’Année du Brésil en France, ouvre ses portes à l’exposition d’Anna Maria Maiolino.
ANNA MARIA MAIOLINO, 83 ans, est née en Calabre, benjamine d’une famille de dix enfants. Exilée au Venezuela à l’âge de 12 ans, la jeune italienne s’installe à Rio de Janeiro, au Brésil, dès ses 18 ans. Où, dans cette patrie du choix de son cœur, elle obtient la nationalité brésilienne.

Mais avec la dureté de la dictature au Brésil (1964 – 1985) cette femme douée s’installe à New York avec son mari, le Carioca Rubens Gerchman (1942 – 2008) – qui est absorbé par son propre art. Alors le couple reste aux États-Unis entre les années 68 et 71, avec leurs deux enfants en bas âge. À ce moment là, Maiolino se perd. Car elle ne parle pas l’anglais et se sent mal dans ce pays responsable pour la dictature en Amérique latine.
Alors dans ces moments délicats Maiolino pense au Carioca Hélio Oiticica (1937 – 1980). Lors que ce grand plasticien et ami lui disait « Dessine entre deux pauses, et tu verras tes dessins plus tard ».
Anna Maria Maiolino Lion d’or à Venise
Et voilà que Anna Maria Maiolino reçoit, en 2024, le Lion d’or pour l’ensemble de son œuvre à la Biennale de Venise. Aujourd’hui elle est à Paris avec l’exposition titrée Je suis là – Estou Aqui, au Musée Picasso. Où la plasticienne affirme sa présence très active dans l’art. « Je suis là, dit-elle, toujours au travail, et toujours engagée dans un dialogue vital ».
Mais cette exposition fait aussi écho au bouleversant film oscarisé Je suis toujours là de Walter Salles. Ce film met en scène l’histoire de la famille Rubens Paiva à Rio sous la dictature militaire dans les années 70.
Un art issu d’un melting pot intéressant et créatif
Certes, par son œuvre, Maiolino témoigne d’une traversée par les langues de différentes cultures et contextes politiques dans une profonde réflexion de sa « quête d’appartenance ». Un thème qui s’avère d’actualité. Au vu des migrations de masse dans cette nouvelle ère de guerre. Où tous les genres se confondent. Ainsi, entre l’Afrique et le Brésil, Maiolino trouve des similitudes avec leur « soleil très fort et le contraste du noir et blanc, entre ombre et lumière ».

Or pour cette artiste italo-brésilienne, dans ces moments de crise, la femme est « un être de puissance créative ». Un exemple touchant est cet accrochage musical. Où la poésie et l’art se transforment en dessin. Tel une broderie sur le papier, afin que l’on puisse le regarder de deux côtés. Aussi, pour Anna Maria Maiolino, la mémoire est fondamentale alors que l’Art est un beau moyen pour la perpétuer.
Résultat : c’est tout un foisonnement culturel qui façonne l’expression artistique de cette femme pour un visuel étonnant. Où ce personnage pragmatique, très naturel, simple et profond parle de cuisine, ou de manger. Aussi elle trouve un rapport fort et sensuel avec la terre. Et elle utilise « l’argile pour créer avec ses mains des dispositifs pour faire des paysages ».
Maiolino et Picasso
Ici, au Musée Picasso, Anna Maria Maiolino y dévoile une centaine de créations dans une diversité de supports et de techniques, allant des dessins inédits aux peintures en passant par des sculptures et des vidéos.
En fait cette figure majeure de l’art brésilien a un naturalisme organique qui forme des fils invisibles. Ces fils la relient et font écho avec l’œuvre de l’Espagnol Picasso. Avec lequel ses œuvres par leur présence active génèrent des dialogues avec le maître et le public.
Bref débuté au 14 juin, Je suis là – Estou Aqui est la première exposition personnelle d’Anna Maria Maiolino en France. Et, ce, dans le cadre de la Saison culturelle brésilienne, dont le commissariat général est l’efficace Emílio Kalil.
Cette exposition reste au Musée Picasso jusqu’au 21 septembre 2025.
Neide Olívia Libault De Souza – NOLDS.