« Cauchemar brésilien » un livre éclairant de B. Meyerfeld

Dans ce livre passionnant l’auteur franco-brésilien éclaire sur Jair Bolsonaro. Un président aux multiples surnoms. Tels que : « Trump des Tropiques », « Palmito », « Gros Cheval », « Capitaine bombe », ou encore « Mythe ».

Cauchemar brésilien livre la stratégie d’un grossier personnage et président du Brésil (2018 à 2022), Jair Messias Bolsonaro.

Un président épaulé par le lobby des grands fermiers de l’agrobusiness et de l’agro-toxique de la puissante bancada ruraliste ou « banc rural ». Un groupe d’élus brésiliens qui siège à la Chambre des députés et au Sénat. Mais Bolsonaro est poussé également par les adeptes des armes et les évangéliques.

Du coup sur son mandat présidentiel c’est le royaume des BBB : Bœuf, Balle, Bible. Sans oublier que le « Capitaine bombe » est aussi entouré par une bande de motards et de ses quatre fils, nommés : Zéro Un, Zéro Deux, Zéro Trois, Zéro Quatre. Sans parler que, depuis la dictature (1964 – 1985), le « Mythe » est le premier militaire à siéger à la tête du Brésil, donc, est soutenu par tous les nostalgiques de cette époque.

Bolsonaro, le Cauchemar brésilien

Alors, dans ce livre brillant, le Franco-Brésilien Bruno Meyerfeld retrace non seulement l’itinéraire de ce premier président de l’extrême droite installé au Palais du Planalto à Brasília. Mais, le correspondant du journal Le Monde donne aussi des détails croustillants du parcours de ce « paranoïaque insomniaque » depuis son enfance jusqu’au sommet de l’État.

Bruno-Meyerfeld
Bruno Meyerfeld, auteur « Cauchemar brésilien »

En fait, pour cerner un peu cet élu hors norme, vulgaire et insultant, voici quelques phrases perles du « Général Tapioca ». Au magazine Playboy, « Gros Cheval » avoue : « Je préfère que mon fils meure dans un accident de voiture plutôt qu’il soit homosexuel ».

Interrogé par Preta Gil, fille du compositeur et ex-ministre de la Culture Gilberto Gil, sur comment réagirait-il si l’un de ses fils ramenait une Noire chez lui. Palmito répond : « Ô Preta, je ne vais parler de promiscuité avec personne. Ça ne risque pas d’arriver. Car mes fils ont été bien éduqués et n’ont pas vécu dans un ambiant comme, lamentablement, est le tien »…

Autres phrases célèbres de Bolsonaro

Et toute une série de phrases choquantes, irresponsables pour un Chef d’État, mais qui excitent l’extrême droite fasciste. Par exemple : « L’erreur de la dictature a été de torturer et de ne pas tuer ».

Encore sur l’intolérance et le racisme, au Club hébraïque à Rio Bolsonaro annonce la couleur. « Vous pouvez être assuré que si j’y arrive, il n’y aura pas d’argent pour les ONG. Car si ça dépend de moi, chaque citoyen aura une arme à feu chez lui. Et il n’y aura pas un centimètre délimité pour les réserves indigènes ou les quilombolas [communautés traditionnelles de descendants d’esclaves]. »

Concernant le Covid, ce 38ème président du Brésil estime que c’est « un petit rhume », qu’il est un « sportif » et qu’il ne l’aura pas. Alors il prône « hydroxychloroquine » pour se soigner. Aussi ce « Capitaine bombe », qui a reçu l’écharpe auriverde des mains de Michel Temer – renverseur de Dilma Rousseff, interrogé sur les 650.000 morts au Brésil répond qu’il n’est : « pas fossoyeur »

Cauchemar brésilien, un livre à tiroirs

Voici donc quelques traits de ce personnage cauchemardesque dans ce livre très bien écrit et bien documenté sur le Brésil. Il se lit aussi facilement qu’un roman.

Car le Cauchemar brésilien dévoile un « Mythe » inculte, misogyne, peureux, qui grâce au poids des lobbys et à une avalanche de fakenews réussit, au XXIè siècle, à mettre à genoux le plus grand pays de l’Amérique du Sud. Et à diviser sa population de 213.317.639 habitants.

Résultat du quadriennal du « Mythe »

Sans parler des dizaines de milliers de kilomètres carrés de forêt amazonienne décimés à jamais. D’Indigènes, des Noirs ou de militants de gauche assassinés comme Marielle Franco. En passant par d’autres femmes, des paysans sans terre, des personnes gays ou trans. Ou encore des victimes du Covid. Dont, Bruno Meyerfeld note que « les experts évaluent à, au moins, 400.000 le nombre de victimes directement imputables à l’action de Jair Bolsonaro ». Un président qui, selon l’auteur, « erre la nuit dans le palais en short et maillot de foot, et dort dans 10m2 armé d’un colt ».

Du coup, en 4 ans, ce sont des Brésiliens qui ne sourient plus. La misère est de retour dans les rues où, sur les trottoirs, dorment des familles entières. L’inflation est galopante. Tandis que les fakenews abondent sur les réseaux sociaux, toujours orchestrés par Carlos Bolsonaro, le fils 02, et ses geeks. Afin de persuader leurs partisans, malgré l’évidence de la réalité, par exemple, qu’il y a « déflation ».

Réveil d’un Cauchemar

Bref, pour le plus grand soulagement de la majorité des Brésiliens, un mois après la parution de ce livre, édité par Grasset, Bolsonaro perd l’élection présidentielle ce 30 octobre 2022 avec 49,1% des suffrages.

Et, le Trump des tropiques se réfugiera aux États-Unis. Pour joindre son épouse, la « fervente chrétienne évangélique » Michelle, avec qui il a eu Laura. Un jour honorée, au Club hébraïque à Rio de manière touchante par cette charmante phrase de papa « Palmito » : « J’ai cinq fils. Quatre sont des hommes. Mais, à cause d’un moment de faiblesse, le cinquième est né fille ».

Enfin cette page de l’histoire du Brésil tourne. Et le président Luiz Inacio Lula Da Siva (2003 – 2011) revient au pouvoir, officiellement, ce 1 janvier 2023. Alors que le Brésil est en deuil depuis le 29 décembre suite au décès du roi Pelé, le « diamant noir » du football brésilien et mondial.

Pour conclure, le Cauchemar brésilien emmène le lecteur dans l’histoire du Brésil à partir du dictateur Getulio Vargas (1930-1945 et 1951-1954) jusqu’à nos jours. En passant par le président JK, Juscelino Kubitschek De Oliveira (1956-1961) créateur de la capitale Brasília.

Le Cauchemar brésilien est un livre fascinant, à lire impérativement.

NOLDS.