« Une jeune fille qui va bien » de Sandrine Kiberlain

Dans ce premier long métrage l’adorable Sandrine Kiberlain rend hommage à sa grand-mère dans le personnage d’Irène.

Une jeune fille qui va bien se passe en 1942. Cette première réalisation de l’actrice Sandrine Kiberlain met en scène la très expressive et pétillante Rebecca Marder dans le rôle d’Irène.

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S. Kiberlain à Cannes ©RDI

Irène vit à Paris où elle partage son temps avec sa famille, ses amis, son amoureux. Elle est insouciante, pleine d’énergie comme la plupart des jeunes de 18 ans, au-delà d’être de confession juive, et de rêver d’être actrice. Donc passionnée de théâtre, Irène suit à la lettre la consigne de son directeur : « Amusez-vous. Jouez comme si vous jouiez pour la dernière fois. Il suffit de le croire », dit-il.

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Irène (Rebecca Marder) sortant du théâtre ©Une jeune fille qui va bien

Maîtrise de la mise-en-scène

Alors entourée d’une bonne équipe de techniciens(*) (filmworkers), Kiberlain réalise une très belle reconstitution historique, interprétée par des acteurs renommés. Entre autres, le très primé Anthony Bajon joue Igor, le frère d’Irène. La formidable Françoise Widhoff prend la place de Marceline, une merveilleuse grand-mère qui la pousse : « Il ne faut jamais avoir peur. On décide de tout dans la vie ». Ou l’adorable India Hair qui incarne Viviane l’amie la plus proche de la protagoniste.

En somme, dans cette fiction, c’est avec beaucoup de pudeur, de sensibilité et de fraîcheur, que Sandrine Kiberlain filme en maestria l’anti-sémitisme. Car elle évoque ici ses souvenirs familiaux. Ceux des juifs polonais établis en France, tels « de bons français » comme souligne l’excellent André Marcon dans la peau du papa d’Irène.

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Irène en famille ©Une jeune fille qui va bien

Discrimination en vogue

En effet, sous l’occupation, Pétain(**) vole les biens et discrimine les Juifs français. Pour commencer en les obligeant à porter une étoile jaune sur la poitrine. Résultat : lorsque Marceline demande une baguette à sa boulangère préférée. Celle-ci lui répond : « Désolée, madame, on n’en a plus »…,

Or ce moment historique et, de surcroît, pas très glorieux pour la France(*) fait encore écho vu l’attitude de certains personnages d’actualité. Clap de fin.

Bref, le 8 juillet 2021, le film Une jeune fille qui va bien est présenté au Festival de Cannes où il a été très longuement applaudi. Ce film de Sandrine Kiberlain sort en salles ce 2 février.

Neide Olívia Libault De Souza – NOLDS.

Note :

(*) La lettre de la CST – Commission supérieure technique de l’image et du son, consacre un dossier sur l’équipe de techniciens (filmworkers) d’Une jeune fille qui va bien. Un entretien d’Ilan Ferry. La Lettre n°180, janvier 2022, p. 22 – 29.

(**) Pour ne pas oublier les actes de Pétain, Regardinfos pense aussi au livre C’était génial de vivre de Marceline Loridan-Ivens. Les Arènes, 156 p., 15€.